15 août 1960: jour de l'indépendance du Congo

Mardi 14 Août 2018 - 14:00

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C’est au terme d’un long processus historique que vint l’indépendance du Congo. Depuis, chaque célébration appelle le peuple congolais à un devoir de mémoire. Pour atteindre cette ligne d’arrivée, plusieurs étapes furent enjambées. Il y eut, tout d’abord, la formation du territoire du Moyen-Congo en 1885, puis la création de la République du Congo, le 28 novembre 1958, ensuite, l’avènement de l’indépendance, le 15 août 1960. Intériorisé et assumé par le peuple congolais comme étant un rassemblement de bonne cause, le Congo n’était à la base qu’une mosaïque de royaumes et de chefferies qui doivent leur fusion en une entité territoriale unitaire à la colonisation.

Naissance de la République du Congo 

Avant la colonisation, le paysage institutionnel et culturel du Congo était composé de peuplements repartis en sept groupes ethniques : kongo ; téké ; ngala ; maka ; kala ; oubanguien ; pygmée.

A l’intérieur des zones ethno-géographiques, se sont formées diverses organisations politiques et sociales qui vont des chefferies de moyen exercice aux chefferies plus étendues : royaume Téké ; royaume Kongo ; Royaume Loango.  

 En 1482, Diego Cao découvre l’embouchure du fleuve Congo ainsi que le royaume Kongo sous le règne de Nzing’a Mbemba (Nkuwu) I, baptisé sous le nom de Joa 1er. Il fallut cependant attendre quatre cents ans après la traite négrière pour que l’idée de rassemblement des différentes organisations politiques et sociales existantes en un territoire unitaire éclose. C’est au Français Pierre Savorgnan de Brazza qu’échoit l’embarrassante mission de conquérir et de réunir à l’intérieur d’un espace géographique de 342 000 km2, les différents royaumes et chefferies au travers de trois voyages missionnaires : 1875 ; 1879 ; 1905.

A la différence de Diego Cao qui concentra sa mission sur le royaume Kongo, de Brazza s’est, en revanche, lancé dans la conquête de l’ensemble des territoires existants. Cette conquête fut sous-tendue par la signature des accords avec les différentes chefferies locales, dont le plus célèbre est le traité de Brazza-Makoko, signé le 10 septembre 1880 à Nduo, et complété par celui du 3 octobre 1880, avec les vassaux de Makoko, pour la fondation de Brazzaville. La délimitation et la débaptisation du territoire du Moyen-Congo intervient au cours de la Conférence de Berlin qui s’est tenue de novembre 1884 au 26 février 1885. A la question de savoir d’où vient le nom Congo, il revient que celui-ci fut inspiré par le fleuve Congo et le royaume Kongo.

La création de la République du Congo est donc consécutive à l’évolution du statut juridique des colonies qui a vu la transformation du territoire du Moyen-Congo en territoire décentralisé, dans le cadre de l’Union française, et en République, dans le cadre de la Communauté. Grâce à l’évolution des colonies, le territoire du Moyen-Congo fut ouvert au multipartisme dont les principales formations furent animées par les figures politiques ci-après : Félix Tchicaya ( Parti progressiste congolais) ; Jacques Opangault (Mouvement socialiste africain) ; Fulbert Youlou ( Union pour la défense des intérêts africains).

 Dès 1946, Félix Tchicaya fut élu premier député du Congo et du Gabon à l’Assemblée nationale française. Le 18 novembre 1956, l’abbé Fulbert Youlou remporte les élections municipales et devient le premier maire de la Ville de Brazzaville. Le 31 mars 1957, Jacques Opangault remporte, à son tour, les élections législatives et devient vice-président du Conseil de gouvernement.

Avec l’évolution du débat politique en France, la Constitution de la 5e République connut une révision avec l’institution de la Communauté et la création des républiques autonomes. C’est grâce à cette ouverture politique que l’Assemblée territoriale adopte, à Pointe-Noire, la délibération 112/58, érigeant le territoire du Moyen-Congo en République du Congo, Etat membre de la Communauté.

Après le brin d’espoir suscité par cette décision, la journée du 28 novembre 1958 fut attristée par une série de violences qui opposèrent les partisans d’Opangault à ceux de Youlou. Opangault, premier Congolais élu vice-président, victime de débauchage de ses deux députés (Yambo et Henri Itoua), n’entendait pas perdre sa majorité et corroborer l’élection de Youlou comme Premier ministre à sa place. Il agita ainsi ses militants, acte qui se traduisa par la mort de quatre personnes, une première tâche noire de la gouvernance congolaise qui entraîna le transfert du siège de l’Assemblée législative et du gouvernement provisoire à Brazzaville. Il fallut attendre la Conférence nationale souveraine pour prendre un acte de régularisation de Brazzaville comme capitale du Congo.

L’indépendance nationale

Le processus de décolonisation, entamé concrètement en 1958 avec la transformation des anciennes colonies en Républiques-Etats membres de la Communauté, a débouché, en 1960, sur des indépendances qui n’ont été ni données ni prises. Pour défaire l’alliance communautaire instituée au titre XII de la Constitution de 1958 et légitimer les indépendances des colonies, de Gaulle promulgua la loi constitutionnelle n° 60-525 du 4 juin 1960.  Le 12 juillet 1960, le Congo signe des accords particuliers avec la France, puis vint la proclamation de l’indépendance nationale, le 15 août 1960, au cours d’une cérémonie organisée en face de l’Hôtel de ville, par André Malraux, ministre français de la Culture, en présence de Fulbert Youlou, président de la République.

 

Jean-Marie Melphon Kamba

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