8 mars 2015 :"Le problème c’est l’engagement des femmes elles-mêmes"

Jeudi 5 Mars 2015 - 18:00

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A l’occasion de la journée internationale de la femme, les associations féministes, des représentantes des partis politiques et des syndicalistes s’unissent pour défendre la cause de la femme, dans un contexte global marqué par une régression de l’égalité. Joséphine Bakindissa Nsika, directrice au centre de recherche d’information et de documentation sur la femme (CRIDF), a donné son point de vue lors d'une rencontre avec les journalistes de notre Quotidien.

Les Dépêches de Brazzaville : Que représente pour vous la journée du 8 mars ?

Joséphine Bakindissa Nsika : la journée du 8 mars est une journée de réflexion, au cours de laquelle la femme, quelle que soit la couleur de sa peau, doit réfléchir au trajet de la lutte menée par la femme depuis l’époque où elle n’avait droit qu’aux travaux domestiques. Auparavant, la femme n’avait pas le droit de s’exprimer ouvertement, ni de revendiquer quoi que ce soit, parce que son rôle ne se limitait qu’à la procréation et à l'entretien des enfants.

C’est en 1910 que les femmes pionnières socialistes qui s'étaient battues pour que la voix de la femme sorte du  cercle familial avaient organisé une conférence à Copenhague, au cours de laquelle elles avaient proposé que la journée du 8 mars soit consacrée à la femme.

L.D.B : Pourquoi la journée internationale de la femme s’est-elle transformée en une journée festive ?

J.B.N : les festivités doivent être mises entre guillemets parce qu’il est question de faire le bilan de ce que nous avons fait et de ce que nous faisons. Certes, il faut avant tout réfléchir sur la cause. Mais on ne peut pas aussi écarter les festivités puisque l’Africain, quel que soit le contexte, chante et danse.

Lorsque les Nations unies nous donnent des thèmes, chaque pays les adapte au contexte national. Aujourd’hui, nous nous rendons compte que l’Union africaine se réveille aussi de plus en plus. En dehors du thème international, on a le thème général qui met l’accent cette année sur l’autonomisation.

L.D.B : Pouvez-vous nous parler de cette autonomisation ?

J.B.N : le problème ne se pose pas seulement au niveau national mais également mondial où l’autonomisation de la femme reste encore une utopie. Car, jusqu’à ce jour,  il existe des pays où la femme ne peut pas s’exprimer ; où elle  dépend à 100% de l’homme. Au niveau du Congo, nous avons des textes qui donnent une certaine liberté à la femme congolaise.

Maintenant, les Congolaises doivent réfléchir aux moyens de mettre parfaitement en valeur leur autonomie. N’oublions pas que les femmes représentent 52% de la population congolaise. Si ces 52% de la population sont autonomes sur tous les plans, alors nous parlerons du développement intégral dans notre pays.

Les défis existent toujours, mais il y a encore un faussé entre les textes et la réalité quotidienne. Au Congo, nous avons les meilleurs textes mais le problème se pose au niveau de leur application. On ne parle pas de l’égalité physique entre l’homme et la femme, mais de l’égalité des droits.

La nature a fait de sorte que nous puissions porter des grossesses et mettre au monde, mais cette fonction de reproduction ne doit pas constituer un handicap pour la femme. Sur ce, les femmes doivent s’imposer par leur travail, la compétence et le savoir-faire.

L.D.B : L’émancipation de la femme, est-elle déjà acquise au Congo ?

J.B.N : Toutes les Congolaises sont libres depuis l’accession du Congo à l’indépendance. Le problème qui se pose c’est l’engagement des femmes elles-mêmes. Prenons le cas de l’URFC qui s’est battue pour avoir l’accès à tous les niveaux. La première des choses c’est l’engagement des femmes. Malheureusement on constate qu’il y a une sorte de recul. Cet engouement que les mamans avaient au sein de l’URFC est en train de disparaître par manque de solidarité.

L.D.B : Le thème choisi cette année est « autonomisation  des femmes, autonomisation de l’humanité : imaginez ! » Quel est le principal message que vous adressez à la femme en général et à la femme congolaise en particulier ?

Les femmes doivent oser là où elles sont. On nous reproche souvent la timidité et le silence. Or, avant, les femmes ont osé affronter les hommes.

Pourquoi les femmes congolaises ne peuvent-elles pas se mettre ensemble pour réfléchir ? Pourquoi ne pas se battre comme nos aînés ? La génération actuelle est en train de reculer contrairement à ce que nos aînés ont fait.

Les femmes n’avaient pas de diplômes, mais elles ont obtenu des choses inimaginables. Aujourd’hui, elles sont fatiguées mais la relève que nous constituons travaille d’une façon individuelle.

 

 

 

Yvette Reine Nzaba et Durly Emilia Gankama

Légendes et crédits photo : 

Joséphine NSika