Accès à l'eau potable : plus de deux milliards de personnes toujours privées de la denrée

Mercredi 20 Mars 2019 - 11:23

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Dans un rapport rendu public le 20 mars, l’ONU déplore le fait qu’une bonne partie de la population mondiale n’a pas accès à la ressource qui fait partie des Objectifs de développement durable (ODD), malgré des progrès réalisés en la matière ces quinze dernières années.

« L’accès à l’eau est un droit humain vital pour la dignité de chaque être humain. Pourtant, des milliards de personnes en sont toujours privées », a regretté Audrey Azoulay, la directrice générale de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture.

Selon l’étude de l’ONU sur la mise en valeur des ressources en eau, en 2015, trois personnes sur dix (2,1 milliards) n’avaient pas accès à des services d’eau potable gérés en toute sécurité et 4,5 milliards de personnes, soit six sur dix, étaient privées d’installations sanitaires gérées de manière sûre. Ce qui est vraiment loin de l’objectif fixé par les Nations unies de garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et d’assurer une gestion durable des ressources en eau.

Le texte analyse les ressorts de cette exclusion et explore les moyens de réduire les inégalités. Il montre qu’il est possible de faire en sorte que le droit à l’eau potable et à l’assainissement devienne une réalité, « à condition qu’il existe une volonté collective d’aller de l’avant et que des efforts soient consentis pour inclure ceux qui sont laissés pour compte dans les processus de décision », a souligné Audrey Azoulay.

Le président d’ONU-Eau et président du Fonds international de développement agricole, Gilbert F. Houngbo, souhaite qu’une volonté soit suscitée dans ce sens sans perdre de temps. « Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le rapport souligne que si la dégradation de l’environnement naturel et les pressions insoutenables sur les ressources mondiales en eau se poursuivent, 45 % du PIB mondial et 40% de la production céréalière mondiale seront en danger d’ici à 2050 », a-t-il relevé. « Les populations pauvres et marginalisées seront affectées de manière disproportionnée, ce qui aggravera encore les inégalités (...). Le rapport 2019 met en évidence la nécessité d’adapter les approches tant en politique qu’en pratique, afin d’aborder les causes de l’exclusion et des inégalités », a-t-il ajouté.

Le rapport de l’ONU note, par ailleurs, qu’à l’échelle de la planète, c’est en Afrique que se trouve la moitié des personnes qui boivent une eau provenant de sources non protégées. Pour ce qui est de l’Afrique subsaharienne, le texte précise que seulement 24% de la population a accès à une source sûre d’eau potable et les installations sanitaires de base - non partagées avec d’autres foyers - sont réservées à 28% de la population. Les inégalités d’accès à l'eau sur le continent africain se traduisent également en inégalité des sexes : les femmes et les filles supportent l’essentiel de la charge liée à la collecte de l’eau, à laquelle elles consacrent plus de trente minutes par jour au détriment de leur éducation.

Au sein même des pays, d’importantes différences existent, entre les riches et les pauvres notamment. En ville, la population défavorisée vivant dans des habitations précaires qui ne sont pas reliées à l’eau courante paie souvent l’eau plus cher (dix à vingt fois plus que leurs voisins des quartiers riches) pour un service égal ou de moindre qualité assuré par des vendeurs d’eau ou des camions citernes.

Le rapport constate une hausse significative des conflits liés à l’eau. Entre 2000 et 2009, on en recensait quatre-vingt-quatorze. Entre 2010 et 2018, ce chiffre s’élevait à deux cent soixante-trois. Il souligne, en outre, qu’il est rentable d’investir dans les infrastructures sanitaires et liées à l’eau.

 

Nestor N'Gampoula

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