Adieux : le double hommage de Youssoupha à Tabu Ley

Mardi 10 Décembre 2013 - 11:00

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Le célèbre rappeur français d'origine congolaise, arrivé la veille des obsèques de son père, a rendu un double hommage à son père, devant l’assistance réunie au Palais du peuple le 9 décembre. Le public a apprécié cet hommage de celui qui, bien qu'artiste, est d'abord le fils de Tabu Ley. 

C’est à Kinshasa même, sa terre natale, que Youssoupha a tenu à donner à la face du monde son avis quant aux probables similitudes entre la carrière de son feu père Tabu Ley et la sienne. Aux médias curieux de savoir si, par rapport à son parcours personnel, il pensait tenir l’héritage de son père ou s’il aspirait à inscrire son cheminement dans la ligne du sien, il a donné son net point vue. Une réponse tranchante face aux nombreuses interrogations de la presse.  Il a voulu « remettre les choses comme elles sont à travers cet hommage ».

De prime abord, Youssoupha a rappelé la grande habileté à la composition dont son père avait su faire preuve de son vivant. « J’aimerais d’abord rendre hommage au compositeur parce qu’il a été salué par les grands un peu partout dans le monde. Parce que c’est une référence pour les mélomanes. Et parce que c’est l’inspirateur principal de toutes les générations de la chanson congolaise, jusqu’au-delà de sa mort ». Et d’ajouter ici qu’il l’affirmait sans crainte aucune de recueillir des avis ou propos contradictoires de la part de ces derniers.

En second lieu, le rappeur est revenu sur cette belle plume qu’était Seigneur Ley. Il a ici voulu « rendre hommage aussi au parolier dont les paroles résonnent encore dans les cœurs. Des paroles qui touchaient toutes les franges de la société, les mamans, les jeunes, les élites tout comme le peuple ». Qui plus est, a-t-il relevé : « Et puis quand même quel cadeau plus extraordinaire on peut faire à sa culture que de faire chanter en lingala des milliers d’Ivoiriens, Camerounais, Tchadiens et même des Cubains ». Un commentaire vivement salué.

« Hommage aussi à l’homme de scène qui a fait le tour du monde avec son orchestre et l’étendard de son pays », a poursuivi son fils. Une autre aptitude du baobab de l’art d’Orphée que n’a pas voulu occulter le rappeur. Au travers de ce chapitre, il a tenu à rappeler avec fierté que Rochereau fut « le 1er artiste noir africain à faire l’Olympia ». Et de renchérir : « J’ai eu l’occasion moi-même de lui rendre hommage, un hommage appuyé lors de ma première prestation dans cette même place ». C’est dans la conclusion de cette partie de son hommage d’artiste, qu’il a déclaré sans ambages : « Et donc par rapport à tout ce que je viens de citer, je pense que la comparaison qu’on me demande de faire souvent est claire. Il n’y a pas de comparaison possible ». Quant à la suite, qu’il a voulue plus explicite encore sur le propos, elle a reçu de vives acclamations de l’assistance à son écoute. «  Moi je suis un rappeur, Tabu Ley Rochereau est une référence. Moi, je suis une vedette, Tabu Ley Rochereau est une icône. Moi, je suis un artiste. Tabu Ley Rochereau est une légende », a-t-il dit non sans faire frémir le public d’admiration face à cette honnête juxtaposition sortie d'un beau discours.

La finale qui n’a pas manqué d’émouvoir plus d’un s’est rapporté à cet hommage du fils à son père. « J’aurais aimé le connaître un peu plus mais Dieu en a décidé autrement », a-t-il commencé. L’on a mieux compris cette note triste du début quand Youssoupha a reconnu : « Aux yeux de tous, il me rend fier. J’aimerais le remercier pour son modèle, ses conseils et son humour aussi. Hommage à l’homme aussi parce qu’il était généreux, charismatique et militant ». C’est de façon encore plus personnelle qu’il a achevé son « hommage au grand-père », qui a eu l’heureux privilège de dénombrer « beaucoup de petit-fils et petites-filles ». Et donc, Tabu Ley, l’a-t-on su de ce fils reconnaissant qu’ « il était un grand-père très attachant ». Et pour preuve, a-t-il lancé : « il avait surnommé affectueusement mon fils Madiba ».

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Youssoupha consterné, peu avant son hommage