Affaiblissement de l’opposition politique en RDC : Jean-Claude Katende indexe le pouvoir

Mardi 23 Mai 2017 - 17:52

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Pour ce juriste et président de l’Association africaine de défense des droits de l’Homme (Asadho), cette action constitue une des phases et stratégies pensées, en passant par la révision de la Constitution, la corruption et l’infiltration, pour conserver le pouvoir politique dans le pays.

Dans une réflexion partagée le 23 mai 2017, le président de l’Asadho, Mè Jean-Claude Katende, a noté que l’affaiblissement de l’opposition ferait partie du dispositif mis en place par le président de la République et sa machine politique, la Majorité présidentielle (MP), pour conserver le pouvoir. Faisant constater que plusieurs partis de l’opposition étaient visés, surtout le MLC et l’UDPS, ce juriste a relevé que deux astuces ont été utilisées pour y arriver.

À en croire Mè Jean-Claude Katende, depuis 2011, la volonté de conserver le pouvoir politique à tout prix a conduit la MP à mettre en place plusieurs stratégies allant de la révision de la Constitution, à l’affaiblissement de l’opposition politique, en passant par la corruption et l’infiltration. « Ceci suggère que les stratégies de la MP ont permis au président de la République, Joseph Kabila, de conserver le pouvoir au-delà du terme de son deuxième et dernier mandat, le 19 décembre 2016, en attirant les dissidents du Rassemblement et en mettant  en place le gouvernement Tshibala », a soutenu le président de l’Asadho. Mais, selon lui, la plus réussie de toutes ces stratégies semble être l’affaiblissement de l’opposition.

Des stratégies bien distinctes

Passant en revue chacune de ces stratégies, Mè Jean-Claude Katende a noté que la suppression du deuxième tour de l’élection présidentielle telle que prévue à l’article 71 de la Constitution en 2011 était le premier coup infligé à la jeune démocratie par le président Joseph Kabila. « En dépit des protestations des partis de l’opposition et de certaines organisations de la société civile, le peuple a accepté cette situation en ayant à l’esprit que l’opposition aurait la sagesse de s’unir contre le président Kabila lors de l’élection présidentielle de 2011. Malheureusement l’opposition ne s’est pas coalisée », a-t-il regretté. C’est la première erreur du peuple, a-t-il dit, qui n’avait pas vu le mal venir. Ceci est arrivé parce que  le peuple n’avait pas de leader visionnaire et n’était pas organisé.

De la phase 2, qui est, selon lui, l’Organisation d’une élection présidentielle émaillée de fraudes, le président de l’Asadho a noté qu’au vu et au su de tout le monde, l’élection présidentielle de 2011 a été émaillée de fraudes d’une ampleur inimaginable et de violations massives des droits de l’Homme. « Aucune résistance à la taille de ces flagrantes violations n’a pu être organisée ni par la société civile ni par les partis politiques. Cette élection aurait dû être annulée mais le peuple n’a rien fait pour contraindre la Cour suprême de justice à prendre ses responsabilités », a souligné Mè Jean-Claude Katende.

Le peuple avait sûrement cru, a-t-il souligné, que le président Kabila serait de bonne foi et qu’en 2016, il aurait l’honnêteté et le courage politique d’organiser des élections libres et transparentes. 

Parlant du débauchage au sein de l’opposition, pris pour la troisième phase, Jean-Claude Katende pense que la guerre du M23, qui avait créé une grande fissure au niveau national, est parmi les résultantes des mécontentements et contestations liés à l’élection présidentielle de 2011. D'après lui, pour recréer la cohésion nationale, le président de la République et la MP avaient convoqué les concertations nationales de 2013 au cours desquelles plusieurs résolutions ont été prises pour améliorer la gouvernance politique, économique et sociale du pays, entre autres, la mise en place d’un gouvernement de cohésion nationale. Mais, selon le juriste, ce gouvernement de cohésion nationale n’était en réalité qu’un appât pour attirer certains opposants politiques, et plusieurs ont  décidé d’y prendre part. « Le MLC était le parti le plus affecté, car plusieurs de ses cadres ont accepté de rejoindre ce gouvernement », a-t-il relevé, soulignant que la plupart de résolutions de ces assises jugées urgentes n’ont jamais été mises en œuvre et la seule résolution qui  intéressait la classe politique était la mise en place du gouvernement de cohésion nationale.

Et…le recours aux soi-disant dialogues

Pour Jean-Claude Katende, l’idée du dialogue national, idée qui avait encore divisé l’opposition politique était une autre astuce trouvée à la fin du mandat du président Kabila, pour faire perdurer les choses. Pour lui, à la fin du premier dialogue conduit par Edem Kodjo, le président Joseph Kabila est resté à la tête du pays mais l’opposition y est sortie fragilisée. Alors qu’au dialogue conduit par la Cénco, la présentation du Premier ministre par le Rassemblement et sa nomination par le président de la République ont conduit à des interprétations différentes et opposé les deux camps, jusqu’à ce que, cinq mois plus tard, le président Kabila violera l’Accord politique du 31 décembre, en nommant un premier ministre qui ne vient pas du Rassemblement. « Un autre gouvernement est constitué et plusieurs membres de l’opposition y prennent part. Une partie de l’opposition refuse d’y prendre part arguant que le président Kabila n’a pas respecté l’esprit et la lettre de l’accord de la Saint-Sylvestre », a expliqué Mè Jean-Claude Katende, notant que l’opposition s’en trouve, une fois de plus, affaiblie mais le président Joseph Kabila reste toujours le maître du jeu politique.

À l’en croire, les querelles des politiciens et leur course pour le contrôle du pouvoir ont montré au peuple que ce dernier ne doit compter que sur lui-même. Ce qui l’amène à envisager la quatrième phase, celle de l’entrée en jeu du peuple. « Le prochain rendez-vous pour lequel nous devons être prêts, c’est le respect de la Constitution et les élections en 2017. Sur ce point, nous devons savoir que notre pression est nécessaire pour que les prochaines manipulations de la MP consistant à renvoyer les élections à une date ultérieure et, en lieu et place, l’organisation d’un referendum, ne réussissent pas », a-t-il conseillé.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Photo: Mè Jean-Claude Katende/photo Adiac

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