Affaire des quinze millions de dollars détournés: le CLC réclame les sanctions contre les personnes impliquées

Lundi 21 Octobre 2019 - 17:15

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Les laïcs de Kinshasa ont organisé, le 21 octobre, une marche au cours de laquelle ils ont non seulement exigé la restitution des deniers publics dilapidés, mais aussi des sanctions contre les auteurs ainsi que la dissolution du Comité de suivi des prix des produits pétroliers devenu, selon eux, « un mécanisme néfaste de détournement de l’argent de l’Etat ».

La journée du lundi a été particulièrement terne dans tous les carrefours de Kinshasa, où les maisons commerciales et autres services tant publics que privés n’ont pas ouvert dans l’avant-midi. A la base, la marche de protestation initiée par le Comité laïc de coordination (CLC) qui, comme il fallait s’y attendre, faisait craindre des débordements dans le chef des commerçants. La manifestation pouvait à tout moment dégénérer, redoutaient-ils, soucieux de protéger leurs marchandises des griffes des inciviques. Au finish, il y a eu plus de peur que de mal.

L'engouement espéré n’était vraisemblablement pas au rendez-vous.  Attendus pour exprimer leur ras-le bol face à la mauvaise gouvernance dont les dirigeants politiques tentent de conduire le pays sur fond de corruption, d’impunité et d’impuissance de la justice, les manifestants n’étaient pas en grand nombre dans les lieux de rassemblement. Quinze itinéraires à parcourir étaient sélectionnés par les organisateurs avec, à la clé, soixante-sept points de ralliement dans les quatre districts que compte la ville de Kinshasa (Tshangu, Mont Amba, Funa et Lukunga). C’est vers douze points de chute que devraient converger les manifestants. En somme, c’est d’une manière décentralisée que les Kinois devraient marcher ce 21 octobre.  

La justice revendiquée

Le coordonateur du CLC, Isidore Ndaywell, a, quant à lui, dirigé le groupe des manifestants qui devait partir  de la paroisse Saint-Joseph, dans le quartier Matonge pour déboucher sur la Place Victoire. Dans les différents districts de Kinshasa, quelques Kinois ont battu le pavé et exprimé leur désapprobation quant à la gestion peu orthodoxe de la Res publica telle que révélée par la disparition des quinze millions de dollars pour lesquels ils exigent que justice soit faite. Quelques leaders de l'opposition ont été aperçus parmi les manifestants tels que la secrétaire générale du Mouvement de libération du Congo, Eve Bazaiba, ou encore le président du Mouvement lumumbiste progressiste, Franck Diongo. Certains regroupements politiques, mais aussi des mouvements citoyens, des organisations de la société civile et des associations des droits de l'homme ont également pris une part active à cette marche de dénonciation de la corruption, de l’impunité et de la megestion.                            

A la Place Victoire, un mémorandum reprenant les exigences des manifestants a été lu en public. Ils réclament, entre autres, la restitution des quinze millions de dollars américains disparus, les sanctions contre les personnes impliquées ainsi que la dissolution du Comité de suivi des prix des produits pétroliers devenu « un mécanisme néfaste de détournement de l’argent de l’Etat ». Ils ont également demandé la démission de neuf juges constitutionnels qui ont banalisé les résultats électoraux.

« S’il n’y a pas la paix dans ce pays, c’est parce qu’il y a impunité. Ceux qui ont tué, volé, ceux qui ont fait les affaires au nom de l’Etat, on ne les juge pas, on ne les arrête pas. Nous pensons que cette marche d’aujourd’hui va mobiliser tous les citoyens et que les juges puissent partir. Qu’on responsabilise d’autres juges et que ceux qui ont volé puissent remettre l’argent de l’Etat », a indiqué une source proche du CLC.  

Pour les manifestants qui font fi de la faible mobilisation ayant caractérisé cette marche, l’important c’est d’avoir tiré la sonnette d’alarme pour conscientiser la communauté nationale sur le fait que le Congo n’est pas la propriété privée d’un groupe de privilégiés qui auraient tous les droits d’accaparer les richesses du pays et d'en jouir impunément. Le président du mouvement citoyen Le Congolais débout, Hervé Diakese, a allégué que « cette croisade ne s’arrêtera pas tant que la RDC demeurera le paradis de la corruption, de l’impunité et de l’injustice ».

Rappelons au sujet de l’affaire des quinze millions de dollars disparus des caisses publiques qu’il s'agit de la décote de 15 % que devait récupérer l’Etat des cent millions de dollars octroyés pour compenser son manque à gagner. Il s’avère que cette décote n’a jamais profité à la République car ayant emprunté d’autres destinations.   

Alain Diasso

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