Affaire passeports biométriques : le procureur général appelé à se saisir du dossier

Mercredi 19 Avril 2017 - 18:56

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Un récent rapport de l’agence de presse Reuters a révélé que la majorité des fonds versés par les Congolais pour s’octroyer un passeport biométrique était reversée à des sociétés offshores à l‘étranger. Ce que dément le gouvernement.

 

Le scandale financier qui gangrène le marché des passeports en RDC tel que révélé par une récente enquête de l’agence Reuters tient encore la chronique de ces dernières heures. Nombreux sont les Congolais qui se sont révoltés en apprenant que les passeports vendus au ministère des Affaires étrangères coûtent excessivement cher comparativement à plusieurs pays d’Europe et d’Afrique où ces documents sont à la portée de toutes les bourses. A titre de comparaison, le passeport français pour un adulte coûte 86 euros, soit moins de la moitié du prix d’un passeport congolais.

En effet, s’offrir un passeport en RDC relève d’un luxe que n’importe qui ne peut s’octroyer. Il faut, pour ce faire, débourser jusqu’à 185 dollars alors qu’ailleurs, le prix est nettement en deçà. L’enquête de Reuters a noté qu’en 2014, une société concurrente de celle qui a gagné ce marché (en l’occurrence, la société Semlex) aurait proposé l’unité à 28,5 dollars contre les 185 dollars actuellement appliqués. La proposition n’a pas eu du répondant auprès des instances dirigeantes qui ont plutôt jeté leur dévolu sur la société belge Semlex. L’offre de Zetes qui aurait pu soulager tant soit peu les Congolais par rapport à la baisse du coût du passeport a été reléguée aux calendes grecques. Qu’à cela ne tienne. Mais pourquoi le passeport congolais coûte-il si cher ? Les raisons ne sont-elles pas liées à une maffia financière qui ne dit pas son nom ?  Les questions valent leur pesant d’or. Tentative de réponse de la part du gouvernement, via le vice-ministre des Affaires étrangères : « Il n’y a pas d’individu, ni de famille biologique, ni de famille politique, ni de personne influente, quel que soit l’entourage qui s’intéresse à cela », a déclaré Yves Kisombe sur un plateau de télévision, rejetant tout soupçon de détournement dans cette affaire. Et d’ajouter : « l’Etat ne touchait que 65 dollars sur chaque passeport vendu ».

En fait, le vice-ministre qui s’est refusé poliment d’entrer dans les méandres de la répartition des 185 dollars perçus est grillé par l’enquête de Reuters qui livre tous les détails sur la clé de répartition telle que fixée entre les différents intervenants dans cette affaire. L’agence d’information britannique confirme que « la majorité des fonds versés par les Congolais pour le passeport biométrique était reversée à des sociétés offshores à l‘étranger ». Se référant à l’accord conclu en 2015 entre le gouvernement et la société Semlex, Reuters relève qu’il a été conclu que 60 dollars allaient à Semlex et que les 60 autres dollars allaient être versés à une petite entreprise appelée LRPS installée aux Émirats arabes unis. Quant à l’Etat congolais, il ne retirerait que 65 dollars, soit 35% du prix.

Le hic dans cette affaire est que les deux entreprises privées précitées s’octroyaient la part du loin en empochant 120 dollars pendant que 65 dollars seulement prenaient la direction du Trésor public. Pour le vice-ministre des affaires étrangères, il n’y a aucune irrégularité à cela.  Dans le camp de l’opposition, il ne fait l’ombre d’aucun doute qu’une maffia s’est installée dans la vente des passeports en RDC. Le gouvernement en gestation est d’ores et déjà prié d’accorder à ce dossier le bénéfice de l’urgence. « Si Bruno Tshibala est indépendant comme il le dit, qu’il le prouve en se saisissant du scandale des passeports où la famille d’un seul individu a volé la République tout entière », a déclaré Félix Tshisekedi de retour lundi à Kinshasa après un séjour à l’étranger.

Dans la foulée, des langues se délient pour demander au procureur général de la République de se saisir de ce dossier en ouvrant illico presto une information judiciaire afin de savoir ce qu’il en retourne.            

Alain Diasso

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