Affaires étrangères : cacophonie autour de l’invalidation des passeports semi-biométriques

Lundi 18 Septembre 2017 - 17:11

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La décision du ministère des Affaires étrangères portant invalidation à partir  du 16 octobre prochain des passeports semi-biométriques continue de défrayer la chronique ces dernières heures en RDC.

Pour nombre de Congolais détenteurs de ce type de passeport ayant encore cours légal au pays, cette mesure prise par le vice-ministre des Affaires étrangères, Matembo Toto, via un communiqué publié le 15 septembre est simplement irréaliste et contre-productive. Et pourtant, le gouvernement croit avoir de bonnes raisons d’agir de la sorte en décidant de ne plus autoriser la circulation concomitante de deux passeports car jusqu’à ce jour, deux sortes de passeports circulent concomitamment en RDC : l’un biométrique et l’autre semi-biométrique.

Le gouvernement ne veut donc plus cautionner ce qu’il considère comme une aberration et tient à ce que tous les Congolais puissent obtenir leur passeport biométrique. Nombre de citoyens ne s’expliquent pas qu’ils puissent se délester de leurs passeports semi- biométriques obtenus entre avril 2009 et décembre 2015 censés juridiquement expirer en 2020 - du fait de leur validité de cinq ans -, au profit d’un nouveau type de passeports dits biométriques. La logique aurait été que les deux passeports circulent simultanément jusqu’à l’expiration et la disparition  des passeports semi-biométriques considérés par l’exécutif national comme peu fiables. Ceux qui se sont procuré le passeport biométrique émis depuis fin 2015 sont donc épargnés par cette mesure qui, d’après le gouvernement, vise à lutter contre la contrefaçon ou les falsifications « à l’heure où tous les pays sont engagés dans la lutte contre le terrorisme ». 

Expliquant la portée de cette décision, le porte-parole du gouvernement a laissé entendre que le passeport semi-biométrique n’offre pas toutes les garanties sécuritaires. D’où la décision de certains pays étrangers à réfuser, à partir du mois de novembre 2017, l‘accès sur leur territoire de tout détenteur d’un passeport semi-biométrique, a révélé Lambert Mende. L’Organisation de l’aviation civile internationale aurait également emboité le pas en enjoignant les États membres à opter pour le passeport biométrique assorti d’une puce contenant les renseignements nécessaires sur le détenteur. « Le passeport semi-biométrique n’est pas fiable, parce qu’il peut s’obtenir rien qu’avec une simple photo scannée. Ce qui ne le met pas à l’abri de contrefaçon ou de falsification », a expliqué l’officiel congolais. Et d’ajouter que les détenteurs des passeports semi-biométriques ne seront plus autorisés à entrer ou sortir du territoire national. Quant aux congolais vivant à l’étranger et qui rentrent au pays, a-t-il ajouté, les passeports invalidés leur seront retirés au poste frontalier d’entrée contre remise d’une photocopie qui leur permettra de solliciter le nouveau passeport biométrique.

Des explications qui ne convaiquent pas le commun des Congolais. Ces derniers estiment que rien ne justifie l’empressement des autorités congolaises ni le recours à la saisie forcée à l’aéroport des passeports semi-biométriques pourtant valides. Pour une certaine opinion, cette décision porte préjudice à de nombreux compatriotes désireux de voyager dont les conditions sociales actuelles ne permettent pas de se procurer les nouveaux passeports, le coût total actuel d’une pièce étant estimé à 250 dollars ou l’équivalent en franc congolais. Une autre opinion portée par le mouvement citoyen Ujana sollicite un moratoire sur la décision du ministère des Affaires étrangères, question de permettre aux requérants de réunir les moyens nécessaires à l’obtention du passeport biométrique. Dans la foulée, on apprend qu’une motion est en gestation à l'Assemblée nationale contre le vice-ministre des Affaires étrangères sommé de s’expliquer sur ce que l’imaginaire congolais qualifie déjà de « Passeportgate ».  Notons que cette nouvelle polémique sur le passeport congolais survient après celle qui avait défrayé la chronique au mois de mars dernier au sujet du coût et de la répartition des recettes perçues lors de la vente du nouveau passeport biométrique.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Deux passeports congolais

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