Opinion

  • Réflexion

Afrique-France : éviter les erreurs d'hier

Samedi 20 Mai 2017 - 14:27

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel


Les propos tenus vendredi à Gao par le nouveau président français, Emmanuel Macron, ont confirmé qu'effectivement les lignes bougent sur la carte aussi ancienne que complexe des relations entre la France et l'Afrique. Certes cela ne signifie nullement que les problèmes nés des incompréhensions accumulées depuis l’avènement des indépendances vont se régler comme par miracle dans les mois à venir, mais simplement qu'un nouveau climat s'instaure dont pourraient surgir rapidement de grandes avancées.

L'homme qui s'est installé pour cinq ans au Palais de l'Elysée ne connait pas plus l'Afrique que ses prédécesseurs Nicolas Sarkozy et François Hollande, mais il a trois  qualités que ceux-ci n'avaient pas : d'une part, la jeunesse qui donne une vision plus ouverte du monde ; d'autre part, le pragmatisme qui conduit à privilégier les actions concrètes par rapport aux rêves ; enfin, l'ambition qui incite à jouer les bonnes cartes sur la table du jeu diplomatique dont dépendent les relations entre les nations. Ces qualités ne garantissent évidemment pas qu'Emmanuel Macron ne commettra pas d'erreurs sur la voie qu'il a choisi de suivre, mais elles peuvent contribuer de façon décisive à restaurer la confiance qui n'a cessé de se dégrader tout au long des mandats précédents.

Le simple fait que le nouveau président français ait confié le Quai d'Orsay à Jean-Yves Le Drian témoigne d'une approche réaliste de la diplomatie française qui rassure nombre de chefs d'Etat africains. Ayant assumé pendant cinq ans et dans des conditions difficiles la responsabilité de la défense nationale de son pays ce Breton, aussi discret que déterminé, a su nouer des relations tout à la fois amicales et confiantes avec les plus hauts responsables du continent. Tandis que l'Elysée accumulait les erreurs et les faux pas sur le terrain diplomatique lui agissait en homme responsable, ce qui permettait aux militaires français de remplir efficacement leurs missions stratégiques.

Son arrivée au Quai d'Orsay ne sera certainement pas facile étant donné la gravité des problèmes internationaux auxquels la France se trouve confrontée en sa qualité de grande puissance, étant donné aussi les tensions internes générées par ses prédécesseurs au sein même de l'administration du ministère dont il hérite. Mais Jean-Yves Le Drian ne se laissera certainement déborder par ces questions et sa connaissance du terrain lui permettra de poursuivre dans ses nouvelles fonctions la mission qu'il s’est assignée depuis longtemps de restaurer la confiance entre l'Afrique et la France.

L'idéal, dans ce contexte, serait qu'Emmanuel Macron demande à son ministre de l'Europe et des Affaires étrangères de mettre à plat ce dossier. C'est-à-dire d'examiner sans a priori les questions qui fâchent, notamment celle de l'ingérence de la justice française dans les affaires intérieures des Etats africains, celle de l'évolution du franc CFA dans le contexte de la mondialisation, celle de la coopération dans le domaine du renseignement, celle de la contribution de la France au processus d'intégration régionale d’où naîtra le développement durable, celle de la protection de la nature et de l'environnement dont dépend le sort de l’humanité. Une liste indicative et donc incomplète dont dépend le nouvel élan qui peut et doit être donné à l'alliance historique unissant l'Afrique et la France.

Eviter les erreurs d'hier et se projeter résolument dans l'avenir contribuerait de façon significative à l'avancée de l'Afrique mais aussi au renforcement de la position de la France sur une scène mondiale en pleine recomposition. L’enjeu, convenons-en, n’est pas mince !

 

Jean-Paul Pigasse

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

Notification: 

Non

Réflexion : les derniers articles