Afrique-France : osons la RSE et l’économie durable pour sortir de la Françafrique !

Vendredi 6 Décembre 2013 - 9:59

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Invité le mois dernier de l’émission La Grande Interview de RFI et Jeune Afrique, Alexandre Vilgrain, président du Conseil des investisseurs français en Afrique (Cian), qui regroupe 75% des entreprises françaises opérant en Afrique avec un CA de 40 milliards d’euros, annonçait que « les entreprises hexagonales en ont marre de la Françafrique ». Mais comment changer cette image peu reluisante ? Nous sommes profondément convaincus que les réponses se situent dans l’implantation de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) et la mise en œuvre d’une économie durable en Afrique. 

En effet, le principal défi pour les entreprises françaises, dans une Afrique désormais très attractive où elles sont fortement concurrencées, est de passer d’une logique de business où les relations avec les autorités gouvernementales sont la norme à celle où les portes et fenêtres des entreprises sont grandes ouvertes au dialogue constructif avec les communautés locales, les représentants des salariés les ONG environnementales et les associations de défense des consommateurs.

De plus, sous la pression législative française (loi NRE et Grenelle 2), des principes directeurs de l’OCDE et de la Commission européenne, il y a actuellement un fort intérêt des décideurs et de la société civile pour plus de RSE en Afrique. Le Cian a réagi en avril dernier en annonçant la sortie du guide pratique La responsabilité sociale et environnementale des entreprises françaises en Afrique. Enjeux, pratiques et recommandations

Déjà en juin 2010, lors du sommet Afrique-France de Nice, sous la houlette du Médef, les patronats français et africains signaient une charte sur la RSE en Afrique. Elle aurait pu justement servir de base pour un renouveau des relations économiques, mais une utilisation intéressée de la RSE par les entrepreneurs français pour contrer les investissements chinois et asiatiques en Afrique ne peut réussir que si les entreprises hexagonales sont exemplaires. Tout simplement parce que la RSE n’est un avantage compétitif que quand elle fait partie de l’ADN et du business-model de l’entreprise. 

Plusieurs faisceaux permettent cependant d’envisager une montée en puissance de la prise en compte de la RSE par les entreprises françaises présentes en Afrique. Dans le cadre de sa nouvelle politique, le Quai-d’Orsay a publié le 18 février la feuille de route pour une politique française de promotion de la RSE en tant qu’élément d’une diplomatie économique.

L’Agence française de développement positionne également la RSE comme une condition importante de financement des projets dans les pays en développement. Elle a publié l’année dernière un rapport RSE. Sa filiale Proparco est également dans la même dynamique de promotion des investissements responsables.

Dans son rapport 2013, le Cian consacre tout un dossier sur la RSE. Mais dans l’intérêt de la France et de l’Afrique, il est indispensable que les entreprises hexagonales soient exemplaires dans le domaine de la gouvernance, de la préservation de l’environnement, de la redistribution des richesses et de la mise en œuvre des meilleures pratiques sociales. 

Entreprises françaises, aidez-nous à vous aider en réalisant ce rêve : « Qu’en 2025, horizon défini par plusieurs pays africains pour leur émergence économique, la France et ses entreprises soient célébrées par les Africains comme des partenaires incontournables du développement durable en Afrique. Ce qui a permis une relance économique soutenue dans l’Hexagone. »

Osons donc la RSE et l’économie durable en Afrique

L’AfrIque : encore un Eldorado pour la France ?

Selon le Conseil français des investisseurs en Afrique, 1 000 établissements et 80 000 collaborateurs français sont implantés sur le continent pour la bagatelle d’un chiffre d’affaires évalué à 40 milliards d’euros sur l’ensemble des résultats d’exploitation. Cette présence est à mettre en adéquation avec l’implantation des ressortissants français sur le continent : 330 000 selon le ministère français des Affaires étrangères.
La crise économique et le chômage qui frappent le continent européen ont accentué le déplacement de leurs jeunes vers d’autres destinations dont l’Afrique. Continent toujours cité comme émetteur de migrants elle est devenue une terre d’accueil pour des jeunes européens à la recherche d’opportunités de réussite.
Parmi les principaux pays européens émetteurs de migrants à destination d’Afrique, on peut citer l’Espagne et le Portugal, deux pays en « crise majeure » avec des taux de chômage alarmant. Plusieurs dizaines de milliers de travailleurs espagnols mais également français, italiens, allemands et roumains se sont installés de manière temporaire ou permanente au Maroc à la recherche d’une offre d’emploi.
Concernant les portugais diplômés, la destination de prédilection est l’Angola, leur ancienne colonie. Près de 30 000 portugais demandent un visa pour se rendre à Luanda chaque année, alors que plus de
150 000 y sont déjà installés. L’Afrique du Sud, la Namibie, le Sénégal, le Mozambique ou la Côte d’Ivoire sont d’autres terres d’espoir pour les européens.
R.C./N.N.

Thierry Téné Directeur de l’Institut Afrique RSE

Légendes et crédits photo : 

Thierry Téné, Directeur de l’Institut Afrique RSE et secrétaire général de Kilimandjaro, réseau africain des acteurs de la RSE et du développement durable