Afrique : le tramadol gagne du terrain

Jeudi 27 Juin 2019 - 14:45

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Les saisines mondiales du produit sont passées de moins de dix kilogrammes en 2010 à près de neuf tonnes en 2013, atteignant un niveau record de cent vingt-cinq tonnes en 2017, révèle l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Onudc), dans son dernier rapport publié le 26 juin.

« Le fentanyl et ses analogues demeurent le principal problème de la crise des opioïdes synthétiques en Amérique du Nord, mais l'Afrique de l'ouest, l'Afrique centrale et l'Afrique du Nord sont aux prises avec un autre opioïde synthétique, le tramadol », souligne le rapport mondial sur les drogues.

En dépit d’une consommation exponentielle du tramadol sur le continent, la drogue la plus consommée dans le monde reste le cannabis, avec environ cent quatre-vingt-huit millions de consommateurs en 2017.

Selon le dernier rapport sur les drogues, trente-cinq millions de personnes dans le monde souffrent de troubles liés à l’usage de drogues et ont besoin d’un traitement.

Le document estime à cinquante-trois millions le nombre d'usagers d'opioïdes, soit 56 % de plus que les estimations précédentes. Les opioïdes sont responsables des deux tiers des 585 000 décès dus à l'usage de drogue en 2017. Au niveau mondial, onze millions de personnes se sont injectées des drogues la même année, dont 1,4 million vivent avec le VIH et 5,6 millions avec l'hépatite C.

Augmentation de la gravité

En 2017, on estime qu'environ deux cent soixante-onze millions de personnes, soit 5,5% de la population mondiale âgée de 15 à 64 ans, ont consommé des drogues au cours de l'année précédente. Bien que cette estimation soit semblable à celle de 2016, une perspective à plus long terme révèle que le nombre de personnes qui utilisent des drogues est maintenant 30% plus élevé par rapport à 2009.

Même si cette augmentation est due en partie à une croissance de 10% de la population mondiale de cette tranche d’âge, les données montrent maintenant une prévalence plus élevée de l'usage d'opioïdes en Afrique, en Asie, en Europe et en Amérique du Nord, ainsi que de l'usage du cannabis en Amérique du Nord, en Amérique du Sud et en Asie qu'en 2009.

Selon les estimations, la fabrication illicite mondiale de cocaïne a atteint un niveau record de 1 976 tonnes en 2017, soit 25% de plus que l'année précédente. Dans le même temps, la quantité mondiale de cocaïne saisie en 2017 a augmenté de 13% pour atteindre 1 275 tonnes, soit la quantité la plus importante jamais enregistrée.

La crise de surdose d'opioïdes synthétiques en Amérique du Nord a également atteint de nouveaux sommets en 2017, avec plus de quarante-sept mille décès par surdose d'opioïdes enregistrés aux États-Unis, une augmentation de 13% par rapport à l'année précédente, et quatre mille décès liés aux opioïdes au Canada, une augmentation de 33% comparativement à 2016.

La prévention et le traitement toujours insuffisants

« De meilleures recherches et des données plus précises ont révélé que les conséquences néfastes de l'usage de drogues sur la santé sont plus graves et plus répandues qu'on ne le pensait auparavant », rapporte l’Onudc.

Dans de nombreuses régions du monde, seulement une personne sur sept souffrant des troubles liés à l’usage de drogue reçoit un traitement chaque année. Un constat plus alarmant en milieu carcéral, où la prévalence de maladies infectieuses comme le VIH, l'hépatite C, la tuberculose active et les risques connexes est disproportionnellement plus élevée que parmi la population générale, en particulier parmi les détenus qui utilisent des drogues par injection en prison.

Cinquante-six pays ont indiqué qu'ils offriraient un traitement de substitution aux opiacés dans au moins une prison en 2017, tandis que quarante-six pays ont indiqué qu'ils ne disposaient pas d'une telle option thérapeutique en milieu carcéral. Les programmes d'échange de seringues sont beaucoup moins disponibles dans les prisons : onze pays ont signalé qu'ils étaient disponibles dans au moins une prison, mais leur absence a été confirmée dans quatre-vingt-trois pays, note l’Onudc qui invite les gouvernements nationaux et la communauté internationale à intensifier leurs interventions afin de combler cette lacune.

Josiane Mambou Loukoula

Notification: 

Non