Afrique : Moussa Mara appelle à ''sortir du pacte colonial''

Mardi 11 Décembre 2018 - 12:45

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À l'occasion d'un colloque sous l'égide de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) consacré à l'avenir politique et économique du continent, l'ancien Premier ministre malien a partagé sa vision des enjeux.

Moussa Mara a demandé aux Africains de prendre leur destin en main. Il s'est penché sur l'ntégration politique, économique et monétaire, l'autonomie intellectuelle. Il participait, le 6 décembre, à un colloque organisé par l'OIF et le Centre d'études et de prospective stratégique, dont les grands thèmes étaient : l'intégration régionale, l'attractivité des économies africaines, le développement économique, écologique et social des pays d'Afrique et les relations avec l'Union européenne.

Favorable à plus d'intégration au niveau continental, Moussa Mara estime que des ''États-Unis d'Afrique'' auraient "plus de sens que les cinquante-quatre pays d'aujourd'hui'', les différences culturelles, économiques, politiques et sécuritaires entre les différents États africains imposant une lente mais soutenue progression.

Pour l'ancien Premier ministre, ''l'idéal panafricain est peut-être ce qu'il y a de mieux comme vision pour le continent aujourd'hui. C'est incontestable. On ne peut pas passer tout de suite à l'étape de mettre tous les pays ensemble. Ce n'est pas possible. Par contre, l'étape régionale, entre l'idéal panafricain et la réalité nationale, est celle qui me semble être la plus objective et la plus efficace'".

Toutefois, il explique que pour prospérer, il est ''indispensable'' que cette étape régionale puisse rassembler les leaders politiques autour d'une vision commune ''pleinement inscrite à l'agenda de l'Union africaine'', malgré certaines des difficultés à définir cette vision. ''Faut-il un président de la République d'Afrique de l'ouest ? Faut-il un seul parlement ? On a déjà un parlement mais il est peu perceptible. Faut-il un gouvernement ? Faut-il une seule armée ? Faut-il rester dans les frontières ou au contraire les gommer ? Sur le plan institutionnel et étatique, il faut que l'on se projette'', a-t-il martelé.

À cela, s'ajoutent les désaccords entre pays sur le degré d'intégration politique, les divergences à l'intégration économique et monétaire. Quant à lui, il plaide pour plus d'intégration, en vue de créer des infrastructures interconnectées au niveau régional, s'affranchir des anciennes puissances coloniales pour mieux profiter de la mondialisation. ''Sur le plan économique, il faut s'entendre sur les grandes infrastructures qui doivent parcourir l'Afrique de l'ouest mais aussi sur leur mode de réalisation, de gestion et de financement'', a-t-il expliqué, avant de conclure : ''Pour moi, cela nécessite que nous n'ayons qu'une seule monnaie, qui ne sera pas le franc CFA, qui sera une monnaie souveraine. Il faut qu'il y ait un environnement réglementaire uniforme, que nous partagions nos normes''.

Par ailleurs, Il salue l'irruption des puissances émergentes en Afrique car, ''il faut sortir du pacte colonial. Il faut arrêter d'avoir une vision uniquement centrée sur le colonisateur. Les colonisateurs ont eux-mêmes des problèmes''. Il invite ''à avoir une vision centrée sur nous-mêmes [africains]", estimant que c'est de cette façon que l'Afrique devra réagir.

"Sans intégration économique et politique, les pays africains seront condamnés à rester un «objet de manipulation des autres» en marge de la mondialisation", soutient-il. Mais ''si on ne se met pas ensemble, aucun État africain, aussi riche soit-il, aussi puissant soit-il, ne peut tenir tête dans le cadre de la mondialisation. Aucun État ne peut être à la hauteur des enjeux importants du numérique, de l'intelligence artificielle, de l'économie du savoir. Il faut que nous comprenions que stratégiquement, nous avons plus à gagner ensemble que dans la division'", se convainc Moussa Mara.

Noël Ndong

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