Aide au développement : augmentation de la fraude à l’aide britannique

Jeudi 16 Mars 2017 - 15:05

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Un article du journal britannique The Guardian fait état une augmentation  d’enquêtes pour fraude aux sommes versées aux pays fragiles. La corruption est considérée dans ces pays comme « une norme culturelle », selon le bureau du vérificateur national britannique (NAO).

Selon le NAO, les réformes mises en place par le Premier ministre britannique, David Cameron, en vue d’augmenter l’aide au développement en faveur des pays instables ont fait grimper le risque d’escroquerie. Le dernier rapport de l’Agence souligne qu’ « il est particulièrement difficile » de détecter les cas de fraude dans plus de la moitié des dépenses du ministère du Développement international (DfID). L’argent passant par d’autres organisations internationales, comme l’ONU ou la Banque mondiale.

Dans les organisations dépendant des Nations unies, la  criminalité financière serait sous-estimée. Or, le problème pourrait être « majeur et endémique ». Les spécialistes soulignent également les difficultés auxquelles sont confrontés des représentants internationaux opérant dans des pays où les pots-de-vin sont considérés comme une « norme culturelle ». Le gouvernement britannique s’était engagé à consacrer 0,7% de son RNB à l’aide au développement. En 2016, le Royaume-Uni y a dépensé 14 milliards d’euros.

La Dfid devrait dépenser au moins la moitié de son budget  dans les pays fragiles jusqu’en 2020. Une décision considérée comme un changement majeur dans la communauté de l’aide au développement, qui s’est inquiétée que le budget de l’aide soit utilisé à des fins de sécurité et de défense. Le NAO estime que les réformes pourraient être à l’origine du risque accru de fraude lié au budget. Le nombre de cas répertoriés a quadruplé entre 2010-2011 et 2015-2016, passant à 429.

Pour la période 2015-2016, la fraude a coûté 3,6 millions d’euros, soit 0,3% du budget du NAO. « Le Royaume-Uni opère dans les pays les plus fragiles parce que ce sont les endroits où les citoyens les plus pauvres meurent de faim, des suites des sécheresses, ou de maladie. Ce sont les endroits où les conflits et les échecs économiques poussent à l’exode, et ce sont ces pays-là qui doivent se stabiliser et se sécuriser, dans l’intérêt national britannique. Nous nous attendons à ce que toutes les agences internationales aient la même approche « zéro tolérance » à l’égard des pratiques frauduleuses que nous si elles reçoivent de l’argent public », a déclaré la secrétaire d’Etat au développement international Priti Patel.

Selon les auteurs du rapport,  « le Royaume-Uni verse de l’aide à des pays qui fonctionnent selon des systèmes culturels et de valeurs économiques différents des nôtres […]. Dans certaines sociétés, il est considéré comme normal que des pots-de-vin soient payés aux fonctionnaires pour avoir accès à certains services, notamment la justice, où des relations familiales sont préférées à d’autres candidats à l’embauche et où les fonctionnaires gradés prélèvent une partie du salaire de leurs subalternes ».

Noël Ndong

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