Aide au développement : la Fondation Bill & Melinda Gates approuve l’aide de l’UE même en période d’austérité budgétaire

29-01-2014 12:45

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Dans une lettre publiée ce jour, la Fondation Bill Gates brise les trois mythes  qui entravent l’avancée des États les moins riches, à savoir : « les pays pauvres sont condamnés à rester pauvres » ; « l’aide étrangère est une grosse perte d’argent » ; ou encore « sauver des vies provoque la surpopulation »

Cette lette annuelle conclut que dans l’ensemble, l’aide est un « investissement fantastique et nous devrions en faire davantage. Car « elle sauve des vies et en améliore les conditions avec grande efficacité ».

Selon la lettre, depuis 2 000, l’aide à l’étranger a permis d’enregistrer des avancées majeures en matière de santé, dont la vaccinations de 440 millions d’enfants contres des maladies évitables, l’immunisation de 2,5 milliards d’enfants contre la polio, l’envoi d’un traitement antirétroviral à 6,1 millions de personnes, la détection et le traitement de 11,2 millions de cas de tuberculose. Pour le responsable des politiques européennes de la Fondation Gates,  Alexander Woollcombe, cette lettre avait pour objectif de contrer la déferlante de nouvelles négatives, « en soulignant les progrès énormes déjà réalisés en matière de santé ».

« Nous sentions que c’était le moment adéquat pour le faire, car beaucoup d’Européens remettent en cause l’importance de l’aide et du développement en temps d’austérité », a-t-il expliqué. Grand donateur au monde, l’Union européenne (UE) dépense environ 55,2 milliards d’euros chaque année dans des programmes d’aide à l’étranger. Mais les avancées vers l’objectif d’allouer 0,7% du revenu national brut (RNB) aux aides extérieures d’ici 2015 – incluant un objectif intermédiaire de 0,5% du ratio APD/RNB d'ici 2010 pour l'UE 15 et de 0,33% pour les 12 États membres qui ont rejoint l'UE en 2004 et 2007 – semblent être malheureusement au point mort. 

En face, des partis eurosceptiques et d’extrême droite européens gagnent du terrain en mettant face à face les dépenses en faveur des aides humanitaires à l’étranger et les coupes budgétaires réalisées dans les systèmes de protection sociale au niveau national.

Le difficile casse-tête de la politique de migration

Après le drame de Lampedusa, des dirigeants européens avaient demandé le recentrage de leur politique d’aide au développement sur l’Afrique. Ce contient étant à l’origine d’une grande partie de l’immigration actuelle en Europe. Certains pays européens sont restés dubitatifs sur l’efficacité des politiques d’aide au développement au vu de cette tragédie.

La Commission européenne avait reconnu, quant à elle, qu’il existe un lien entre l’aide au développement et la limitation de l’immigration, insistant pour que ces deux éléments demeurent séparés l’un de l’autre. Le président français, François Hollande, déclarait  qu’il comptait proposer une politique migratoire reposant sur le triptyque prévention, solidarité et protection. Le Premier ministre  italien, Enrico Letta, affirmait devant le Parlement italien que l’UE devait de nouveau encourager la coopération dans le domaine des politiques de développement et qu’une nouvelle législation devrait voir le jour en 2014, mais centrait son action sur des pays tels que l’Éthiopie ou la Somalie, en raison des liens historiques. Il considère que les autres pays de l’UE devraient en faire de même. Son homologue britannique, David Cameron, évoquait la nécessité « d’investir […] avant que [les pays d’émigration] ne soient dévastés », au lieu de gérer les problèmes d’immigration après coup et de voir pointer de nouvelles menaces à la sécurité.

Mais jusqu’ici, la réponse de l’UE est restée timorée.

Noël Ndong