Aide publique au développement : une hausse sur le papier, d'après les ONG

Mercredi 11 Octobre 2017 - 13:32

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"Je veux que la France soit au rendez-vous de l’aide publique au développement", déclarait le président français Emmanuel Macron, le 19 septembre à la tribune des Nations unies. Poursuivant :  "C’est pourquoi j’ai décidé que la France jouerait son rôle en fixant l’objectif de consacrer 0,55 % de notre revenu national pour l’aide publique au développement d’ici cinq ans."

Le projet de loi de finances (PLF)
En 2018, par rapport à 2017, le PLF prévoit une hausse de 100 millions d’euros de la mission Aide publique au développement (APD) pour atteindre ainsi 3,7 milliards d’euros en 2018, dont 2,7 milliards sur le budget général et 1 milliard de taxes sur les transactions financières et sur les billets d’avion. Mais la hausse de 100 millions annoncée pour 2018 ressemble plutôt à une perte de 36 millions. Pour les années 2019 et 2020, le PLF prévoit de porter la mission APD à 3,8 puis 4,1 milliards.
Un projet de loi de finances bien loin des objectifs
Mais cette augmentation de 400 millions d’euros sur les trois prochaines années est-elle en phase avec l’engagement présidentiel d’atteindre l’objectif de 0,55 % du RNB (Revenu national brut) en 2022 ? 
En 2017, le total de l’APD française est estimé à 9 milliards d’euros, soit 0,41 % du RNB. Avec une croissance annuelle estimée à 1,7 % par an, 0,55 % du RNB en 2022 représente 14,8 milliards d’euros. Augmenter l’APD de près 6 milliards en cinq ans nécessiterait ainsi une hausse de près de 1,2 milliard par an, dix fois ce qui est inscrit dans le PLF. Le compte n’y est donc pas.
La trajectoire promise ne sera pas suivie 
Le gouvernement français ne mise pas sur la seule mission APD inscrite au budget de l’Etat pour parvenir à 0,55 % en 2022. En effet, l’APD, selon les règles de l’OCDE, comptabilise des flux de nature très différente.
Ainsi, sur les 9 milliards d’APD en 2017, seuls 3,6 sont inscrits sous ce titre en loi de finances. Le reste, soit 5,4 milliards, correspond à des prêts aux pays en développement (pour environ 3 milliards d’euros), aux bourses des étudiants étrangers venus en France (environ 700 millions), à la part affectée à l’APD dans la contribution de la France au budget européen (environ 900 millions), à la prise en charge des réfugiés sur le territoire (environ 300 millions), et aussi à des crédits pour des organismes de recherche et à des annulations de dette.
Un tiers de l’APD inscrit en loi de finances
L’APD française ne cible pas assez les pays pauvres et peu solvables, selon certaines ONG: en 2016, seulement 25 % de l’APD française était destinée aux pays les moins avancés (PMA), indique la Coordination sud. "Si le gouvernement veut atteindre son objectif de 0,55 % en 2022 et de 0,70 % en 2025 sans effort budgétaire et fiscal supplémentaire, il lui faudra donc jouer avec les chiffres pour faire passer pour de l’aide ce qui n’en est pas vraiment", a déclaré le président de Coordination sud, Philippe Jahan.
Ajoutant : "Emmanuel Macron parlait d’articuler sa politique étrangère sur trois leviers : défense, diplomatie et développement, les fameux 3D. Mais le développement ici ne se décline qu’en minuscule."

Noël Ndong

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