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Aimer le Pool

Samedi 11 Juin 2016 - 13:15

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Les lignes qui suivent serviront-elles à quelque chose ? Seront-elles tolérées par ceux ou celles qui les liront ? Je n’en sais rien ! Mais je les rends quand même, parce qu’elles me sont inspirées par des faits qui méritent un regard citoyen libre de tout préjugé. Aimer le Pool, département parmi les douze qui composent notre patrie, le Congo, suppose de le mettre sur le même pied d’égalité que les onze autres départements, de les aimer tous dans leurs spécificités enrichissantes pour l’histoire de la nation congolaise, d’espérer pour les hommes et les femmes qui y habitent le meilleur épanouissement qui soit.

Les faits dont il est question ici sont ceux liés aux derniers développements de l’actualité nationale dans cette partie du pays. A savoir, les événements du 4 avril relatifs à l’attaque des quartiers sud de Brazzaville par des éléments armés, identifiés comme étant des proches du Pasteur Ntoumi. Depuis cette date, en effet, de vraies comme de moins vraies informations sont véhiculées dans la presse et dans les réseaux sociaux; des appels de tous genres, virulents les uns que les autres, y sont relayés convoquant par voie de conséquence les appréhensions de maints observateurs de la situation du Congo.

C’est à ce titre que le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a dépêché, il y a quelques jours, à Brazzaville, son représentant spécial, Abdoulaye Bathily ; de leur côté, le gouvernement et les agences du système des Nations unies mènent une mission conjointe d’évaluation dans ce département. Les rapports qui seront rendus au terme de ces missions de terrain permettront sans doute de dissiper les malentendus, de mieux renseigner sur ce qui se passe réellement sur place, d’apaiser les esprits, même si, cela va sans dire, les internautes continueront de s’écharper sur la toile pour des raisons qui leur sont propres.

En attendant le résultat de ces missions, on peut se poser la question suivante : où sont passés ces braves hommes et femmes du Pool qui, il y a de cela quinze ans ou un peu plus, lorsque les équilibres de leur département étaient en voie de rompre décidèrent, par amour pour celui-ci, de s’engager à fond pour reconquérir la paix ? Où sont passées les associations des natifs du Pool qui leur permirent, dans ces moments difficiles-là, de discuter de l’avenir de leur département ? On avait entre autres (citons de mémoire), le Mbongui, l’association des pays de Mpangala, etc.Les débats auxquels les membres de ces différentes instances prirent part tournèrent à l'époque autour du retour définitif de la paix, mais également de la volonté d’assurer le développement du département.

Peut-être nous retournera-t-on la question de savoir, pourquoi en appeler aux filles et fils du Pool alors que le gouvernement est là pour résoudre les problèmes qui se posent à la Nation ou à une partie de celle-ci ? Eh bien, pour ces cris du cœur lancés il y a peu par des enfants du Pool peinés: le premier,  nous l’avons entendu tous à la suite de la reddition d’un ex-ninja, Ramsès, en l’occurrence : «  Il y a trop longtemps que cette histoire (la rébellion ndlr) a commencé. C’est depuis 1998 que j’évolue auprès du Pasteur Ntoumi. Depuis, je n’ai bénéficié d’aucun avantage, ni rien senti comme évolution dans ma vie », déclarait ce dernier, le 31 mai, après sa sortie de forêt. Le second cri de cœur, nous pouvons l’avoir lu dans la presse : «  Le peuple du Pool doit assumer le devoir immense de consolider la démocratie ». Ainsi s’exprimait chez notre consœur, La Semaine Africaine*, Omer Malonga, avocat et ancien prétendant à l’élection présidentielle du 20 mars dernier. « A mon avis, il n’y a pas de marginalisation et le Pool n’est en guerre avec personne », répétait-il.

Emanant de deux hommes aux parcours bien différents, ces cris du cœur ne sont pas moins des appels francs lancés par ces derniers à leurs frères et sœurs du département, afin que, dans leur infini amour pour celui-ci, ils s’investissent dans la recherche de la paix collective, gage du développement et du bien-être. A l’évidence, si à côté du gouvernement qui allie pacification et restauration de l’autorité de l’Etat là où elle a été bafouée les enfants du Pool réunissent un large Mbongui pour se regarder les yeux dans les yeux, leur département en sortira grandi. Avouons que cela n’est pas normal que pour des raisons inavouées, inexpliquées, parfois indéfendables, le Pool ne profite pas de sa proximité avec Brazzaville, la capitale politique du pays, qu'il héberge pratiquement, pour s’apaiser et, en harmonie avec les autres forces vives de la Nation, penser à son développement.

 

* S.A. n°3599 du jeudi 9 juin 2016

 

Gankama N'Siah

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