Alexandre Gandou : « Les entreprises congolaises doivent profiter de l’embellie financière du pays »

Jeudi 13 Mars 2014 - 16:00

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Réagissant notamment à la situation économique positive et à la surliquidité des banques au Congo, l’ancien président de la Commission de surveillance du marché financier de la Cémac (Cosumaf) décrypte, dans une interview exclusive, les opportunités de financement des affaires dans la sous-région et propose son expertise en la matière

Les Dépêches de Brazzaville : Dans votre fonction de président de la Cosumaf, vous avez travaillé à la création des conditions sécurisées de lancement d’un marché financier régional. Fort de cette expérience, pensez-vous être en mesure d’aider les entreprises congolaises à moderniser leur mode de financement et s’approprier la culture boursière ?

Alexandre Gandou : Le passé est le passé et il ne faut pas trop s’en référer. Néanmoins, force est de reconnaître un bilan globalement positif du mandat que m’avaient confié les six chefs d’État de l’Afrique centrale d’organiser et de faire fonctionner le marché financier régional. Aujourd’hui, il est opérationnel. Les opérations boursières se nouent et se dénouent à la satisfaction de tous. Il reste à unifier ce marché financier et lui permettre d’entrer dans une nouvelle dimension compatible avec l’ambition de hisser les économies de chacun des pays membres vers l'émergence. L’économie congolaise est placée sur cette orbite en affichant depuis plusieurs années un taux de croissance positif et élevé autour de 5%, voire plus au cours de certaines années. En prenant en compte cette ambition du chef de l’État, il est du ressort de tout un chacun de se mouvoir dans cette trame de l’émergence.

LDB : Justement, comment entendez-vous mettre la main à la pâte, dans les circonstances actuelles au Congo ?

A.G. : Je dois vous rappeler qu’avant que le président de la République présente ma candidature à ses pairs de la sous-région, j’ai successivement assumé les fonctions de secrétaire général et directeur général de l’Union congolaise des banques, puis de directeur de cabinet du ministre des Finances. Pour continuer à faire bénéficier le pays et la région de cette riche expérience, notamment les entreprises publiques et privées, nous avons mis en place le cabinet Gandou Marechal & Associés. Auprès du cabinet, elles trouveront l’accompagnement approprié, en termes de conseils, pour trouver les financements auprès des banques et du marché financier. Parce que les entreprises congolaises doivent pouvoir profiter de l’embellie financière du pays. Cette embellie se traduit par une épargne financière considérable. Elles peuvent trouver les ressources financières pouvant leur permettre de financer leurs ambitions de croissance et de créer la richesse et les emplois. Le cabinet GMA jouera son rôle en contournant l’obstacle de la culture boursière pour aider le mieux possible les opérateurs économiques.

LDB : Dans la logique de la modernisation du mode de financement de l’État, beaucoup d’États de la zone Cémac ont lancé des emprunts obligataires. Cela vous inspire-t-il un commentaire ?

A.G. : Justement, dans l’animation de ce marché de capitaux, des États membres de la Cémac ont pleinement joué le rôle moteur et le rôle d’aiguillon avec la participation du Gabon, du Cameroun et du Tchad, sollicitant l’épargne publique pour des montants respectifs de 81,7 milliards de FCFA (Gabon), 200 milliards, 80 milliards et bientôt 200 milliards (Cameroun) et deux fois de suite 100 milliards (Tchad). D’autres opérateurs économiques du secteur privé dans les secteurs tels que la banque et la distribution ont également recouru à ce marché financier. Cependant, il importe de mentionner la sollicitation dudit marché financier par des émetteurs internationaux de renom comme la Société Financière Internationale. La Banque africaine de développement a aussi manifesté son intention de lancer, de manière récurrente, des emprunts obligataires en monnaie CFA sur le marché financier de la Cémac.        

LDB : Quels sont les avantages rattachés à ce mode de financement, étant donné l’engouement qu’il suscite ?

A.G. : Sans se perdre dans des explications érudites et initiées, on peut d’ores et déjà dire que le recours à des emprunts obligataires permet d’accéder à des sources de financement complémentaires aux prêts bancaires classiques. Je dois signaler que le cabinet GMA peut, pour le compte d’un client, organiser ces emprunts obligataires au niveau régional comme au niveau international. Son adossement au groupe Marechal & Associés, qui est présent sur plusieurs places financières, donne certains atouts. Au regard de l’avantage relatif à la levée des capitaux, on peut aujourd’hui donner raison aux chefs d’État de la Cémac qui s’étaient appuyés sur cette raison pour affirmer leur volonté politique de diversifier le secteur financier, en le dotant d’un marché financier régional. Depuis sa création en 2003 et le lancement effectif de la première opération d’emprunt obligataire en 2007 par l’État du Gabon, le marché financier régional dans son ensemble a rendu possible une levée de capitaux qui se chiffre à près de mille milliards de FCFA. Un deuxième avantage est l’obtention de la baisse des taux d’intérêt débiteurs. Les ressources financières mobilisées par le canal du marché financier n’ont pas coûté plus de 7%. Certains clients possédant une bonne signature ont trouvé des fonds à 4,75%. En contrepartie, les investisseurs, c’est-à-dire les souscripteurs à ces emprunts obligataires, ont donc bénéficié de taux d’intérêts créditeurs fort attractifs. Enfin, la transparence, la notoriété, l’évaluation de l’entreprise sont les autres avantages attribués à la sollicitation du marché financier par emprunt obligataire.

Propos recueillis par Thierry Noungou

Légendes et crédits photo : 

Alexandre Gandou, Photo Adiac