Amnistie des ex-M23 : nouvelle brouille entre le Rwanda et la RDC

Jeudi 5 Juin 2014 - 16:05

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Le gouvernement congolais accuse le Rwanda de refuser de recevoir sur son sol la délégation congolaise qui doit remettre des formulaires de demande d’amnistie aux ex-M23 ayant trouvé refuge au Rwanda.

Entre le Rwanda et la RDC, le torchon brûle de nouveau. À la base de cette situation, le refus d’accès sur le territoire rwandais à la délégation congolaise chargée remettre des formulaires de demande d’amnistie aux ex-rebelles M23 réfugiés dans ce pays. Une décision prise par le gouvernement rwandais qui voudrait, par ce geste, amener la RDC à accorder un statut spécial à ces anciens combattants installés sur son sol. Défaits en novembre 2013 par les Fardc, ces ex-rebelles du M23 jouissent depuis lors de la protection des autorités rwandaises. Ces dernières chercheraient à faire bénéficier à ces ex-rebelles du même « traitement privilégié » après leur amnistie. Une perception qui est loin de rencontrer l’assentiment des autorités de la RDC. Celles-ci rejettent toute idée d’un statut spécial à octroyer à ces anciens combattants du M23 éparpillés entre l’Ouganda et le Rwanda.

« Il ne peut pas y avoir des traitements différenciés entre la manière dont la question d’accès en amnistie est traitée avec ceux qui sont en Ouganda par rapport à ceux qui sont au Rwanda », avait déclaré le coordonnateur du mécanisme de suivi de l’accord d’Addis-Abeba, François Muamba, au cours d’une récente intervention dans les médias. En fait, Kinshasa ne fait pas de distinguo entre les ex-rebelles du M23 réfugiés à Kampala et ceux qui se retrouvent au Rwanda. Les deux catégories devraient bénéficier d’un même traitement en matière d’amnistie. L’attitude du Rwanda est perçue par la RDC comme une astuce visant à pousser vers de nouvelles négociations alors qu’il s’agit ici d’un mouvement rebelle défait dont les combattants n’ont d’autre alternative que de se plier aux conditions d’éligibilité en matière d’amnistie. Ils doivent, de ce fait, passer par un test d’éligibilité qui détermine s’ils doivent intégrer l’armée ou être démobilisés. Ceci avant de rallier  le processus de Désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR III) qui en est à sa troisième phase d’exécution.

Saisis de cette situation, les envoyés spéciaux internationaux pour la région des Grands lacs ont, au cours de leur récent séjour à Kinshasa, plaidé pour l’implication du Rwanda afin de permettre aux ex-combattants M23 amnistiés d’adhérer au processus DDR III. La représente spéciale du secrétaire général des Nations unies pour la région de Grands lacs a promis de contacter les autorités rwandaises à ce sujet. Entre-temps, faut-il le rappeler, le Rwanda continue de geler trois mandats d’arrêt internationaux que le gouvernement congolais lui a transmis visant quatre de ses ressortissants réfugiés sur son territoire dont l’ancien leader du M23 Jean-Marie Runiga. Ces responsables de l’ex-mouvement rebelle sont poursuivis pour  des faits de « constitution d’un mouvement insurrectionnel, crimes de guerre, crimes contre l’humanité ».   

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Des éléments du M23 en patrouille à Goma