Amnistie : les familles des prisonniers politiques désapprouvent le dernier arrêté du ministre Thambwe Muamba

Mardi 17 Octobre 2017 - 19:57

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Les soixante-dix-neuf détenus contenus dans la liste des personnes à libérer, selon leurs familles, seraient inconnus et ne seraient repris dans aucune liste officielle adoptée lors de la signature de l’Accord de la Saint-Sylvestre.

Dans une réaction du 14 octobre, les familles des prisonniers politiques se sont dites surprises de la publication de l’Arrêté ministériel du 3 octobre 2017 relatif à l’exécution de l'amnistie du 11 février 2017. Pour ces familles, les 79 prisonniers à libérer, dont les noms ont été repris dans cette décision du ministre chargé de la Justice et Garde des sceaux, Alexis Thambwe Muamba, seraient inconnus et ne seraient repris dans aucune liste officielle adoptée lors de la signature de l’Accord de la Saint-Sylvestre alors qu’ils seraient des affiliés de l'ex-rebelle Gédéon Kyungu devenu membre de la majorité présidentielle (MP). « Ce qui est encore plus grave est que les noms des 79 bénéficiaires de cette mesure d’exécution de la dernière loi d’Amnistie sont tous des inconnus au CPRK (Prison centrale de Makala) et ils ne sont pas compris non plus dans la liste des 55 détenus amnistiés encore emprisonnés à la prison militaire de Ndolo, ou bien celles de Kassapa, Kolwezi où Buluo. De plus, aucune libération n’a été effectuée aussi bien à la prison de Makala qu’à celle de Ndolo et du Katanga depuis la publication de cet Arrêté controversé qui constitue, pour les familles des prisonniers politiques amnistiés, une provocation inacceptable », ont fait remarquer ces familles.

Donnant une liste détaillée de prisonniers amnistiés encore détenus à la CPRK et qui, depuis des années, seraient oubliés par le ministère de la Justice, « pour des raisons qui n’ont pas été élucidées ni explicitées par l‘administration de la justice à ce jour », ces familles ont noté que le ministère de la Justice n’est pas à sa première liste de personnes inconnues prétendument bénéficiaires de mesures d’élargissement et qui sont néanmoins toujours présentées abusivement, par l‘exécutif, comme des mesures de décrispation politique. Pour ces familles, en effet, la seule personne libérée depuis 2016 de la liste officielle des amnistiés serait Mme Ilunga, épouse de l’ex-seigneur de guerre Gédéon Kyungu, à l’occasion de son ralliement politique à la MP. « Le CFPP s’insurge contre cette application à géométrie variable de la loi d’amnistie de février 2014 et craint, selon les premières informations reçues, que les seuls bénéficiaires des dernières mesures d’amnistie ne soient, encore une fois, que les membres du groupe de rebelle sanguinaire de Gédéon Kyungu, d’ailleurs non amnistiables car coupables de crimes contre l’humanité et dont la majorité serait déjà en liberté », ont souligné ces familles.

Dans leur réaction, ces familles des prisonniers politiques amnistiés et toujours détenus illégalement depuis 2014 attendent des responsables aussi bien du ministère de la Justice que ceux du ministère des Droits humains et du président de la Commission nationale des droits de l’homme, de mettre un terme à cette situation d’inégalité de traitement et de déni de justice qui expose leurs pères, leurs fils et leurs époux à une privation de la liberté s’apparentant à la torture.

Pendant que ces familles réclament justice, il y en a beaucoup d’autres, à travers le pays, qui font également leur ce cri de détresse de ces familles des prisonniers politiques. Parmi elles, il y a celle notamment de ce militant du MLC, le parti de Jean-Pierre Bemba, et actif dans la commune de Kintambo, Éric Mpongo Kiomba, et celle de l’activiste des droits de l’homme Scott Kabeya Lubilanji, qui veulent également savoir pour leurs fils, disparu, pour le premier, depuis les évènements de janvier 2015 alors que pour le second, sa voiture a été retrouvée, il y a près de deux ans également, accidentée sur le boulevard. Selon les informations émanant des proches de ces familles, ces dernières continuent à subir des pressions des personnes non autrement identifiées, qui veulent avoir des informations sur ces personnes dont les familles ne détiennent aucune nouvelle depuis près de deux ans déjà. Dans leur douleur, beaucoup des membres de ces familles, qui ne savent plus supporter ces pressions, ont carrément opté pour la clandestinité tout en réclamant que la justice leur soit faite.

Lucien Dianzenza

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