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André Milongo Ntsatouabantou

Samedi 18 Octobre 2014 - 11:28

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C’est par une dépêche de l’Agence congolaise d'information du 20 mai 1991, que les conférenciers ont appris la veille qu’André Milongo, 56 ans, a déposé, jeudi, auprès du présidium de la Conférence nationale, sa candidature, au poste de Premier ministre, chef du gouvernement de transition.

André Milongo est administrateur en chef des Saf (Service administratif et financier). Il a exercé les fonctions de trésorier payeur général de la République de 1964 à 1969. Après un passage à la Banque africaine de développement (Bad),  Milongo a été administrateur à la Banque mondiale qu’il vient de quitter.

À cette date et avec cette candidature, le nombre de prétendants à la primature, officiellement connus, se chiffre à quatre. Les autres prétendants sont, notamment : Yvon Norbert Gambeg, professeur d’Histoire de l’université Marien Ngouabi de Brazzaville et président du Parti national (Pana), Samuel Badinga, directeur de l’organisation et méthodes à la Banque africaine de développement  (Bad) et Gabriel Bokilo, directeur national de la Banque des États d’Afrique centrale (Béac).

En lançant officiellement la campagne pour le poste de Premier ministre, le 15 mai dernier (1991). Mgr Ernest Kombo, président du présidium de la Conférence nationale, avait donné le profil de l’homme qui devra diriger le gouvernement de transition. Le futur  Premier ministre devrait être  un technocrate compétent, jouissant d’une probité morale et d’une grande expérience. Être connu à l’étranger constitue l’un des critères fondamentaux que devrait remplir cette personnalité, avait signifié Mgr kombo aux conférenciers.

Milongo arrive donc à la Conférence nationale, auréolé de son statut d’ancien fonctionnaire international à la Banque Mondiale, les autres prétendants n’ayant pas le même pedigree, excepté Samuel Badinga.

Face, en définitive, à 20  candidats, André Milongo est élu Premier ministre de la transition. Il bénéficie des prérogatives de chef des forces armées et de président du conseil des ministres. Véritable chef d’orchestre durant la transition prévue pour une durée de douze mois, André Milongo forme tout seul son gouvernement, sans en référer ni au Conseil supérieur de la République, ni au chef de l’État. Son gouvernement est chargé d’appliquer, sous le contrôle du  Conseil supérieur de la République, les décisions de la Conférence. Si l’on en croit quelques journaux de l’opposition, son passage aux affaires n’a pas laissé de bonnes impressions. Le journal Aujourd’hui, à la une de son n° 8 du 19 mai 1992, soit, quasiment, un an après son arrivée à la primature, écrit Prolongation de la transition : le Csr établit définitivement l’incompétence du gouvernement. Toujours dans le même numéro, en page 5, Aimé Raymond Nzango titre son article, péremptoirement : La rançon de l’amateurisme et de l’incurie. D’autres journaux, comme le Rayon, pensent qu’André Milongo ne s’en est pas mal sorti du tout. Il a, par exemple, réussi à organiser, avec succès, les premières élections de l’ère démocratique. Ce qui n’est pas rien.

Ce qui est vrai, par contre, c’est qu’André Milongo finit par faire de la politique comme tout le monde, s’extrayant ainsi de ce qui faisait sa singularité, produit de la société civile. L’expression société civile fait florès au début des années 80 et, précisément, en 1988. À l’époque, la gauche, empêtrée dans l’affaire Urba (histoire de fausses factures), cherche une parade pour se refaire une virginité à bon compte. Naît ainsi « la société civile », comme pied de nez à la « classe politique », qu’elle est supposée féconder, rajeunir et  rénover. Bernard Tapie, ministre de la Ville de François Mitterrand, est censé incarner ce renouveau. La « société civile » entre et se met en scène.

Candidat à l’élection présidentielle de 1992, il crée son parti, l’Udr-Mwinda, le 7 octobre 1992. On découvre alors le nouveau Milongo Ntsatouabantou. Il est désigné, le 2 mai 1993, président de l’Assemblée nationale.

André Milongo est décédé à l’hôpital Pompidou à Paris, le lundi 23 juillet 2007, à l’âge de 72 ans.

 

 

 

 

Mfumu

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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