Application de l’accord du Centre interdiocésain : entre prudence et espoir

Mercredi 4 Janvier 2017 - 16:53

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

La coalition au pouvoir conditionne sa participation aux négociations sur les modalités et le calendrier d'application de l'accord de cogestion du pays à la reconduction du mandat de la médiation des évêques par le président Joseph Kabila.

Tous ceux qui avaient salué l’accord issu des négociations directes du Centre interdiocésain mettent déjà un bémol à leur enthousiasme au regard des difficultés qui entourent la mise en œuvre de ce compromis politique. La majorité présidentielle (MP) a été la première à jeter le pavé en dénonçant l’absence d’inclusivité dudit accord qui a laissé sur les carreaux le Front pour le respect de la Constitution, la plate-forme de l’opposition cristallisée autour du Mouvement de libération du Congo. La plate-forme présidentielle qui continue d’embrayer sur ce registre relativise en même temps la portée de l’accord trouvé qui, selon elle, ne résous pas fondamentalement les problèmes du pays.

Une donne qui s’intercale dans la mise en application de l’accord qui est passé dans une phase décisive, celle de la recherche de l’arrangement particulier devant régler certains détails techniques. Il s’agit notamment de la composition du Conseil national de suivi de l'accord et du processus électoral (CNSAP), du mode de désignation des vingt-huit membres de cet organe et de la composition du gouvernement de transition. Les délégués de la MP et de l'opposition, qui se sont retrouvés le 4 janvier pour des nouvelles discussions quant à ce, n’en sont qu’aux préliminaires. De part et d’autre, c’est un peu l’attentisme au regard des divergences séparant les deux camps par rapport à la perception de l’accord signé le 31 décembre. Outre la question d’inclusivité, la MP a par ailleurs soulevé une question de procédure qui, pour l’heure, paraît bloquer les discussions. La plate-forme présidentielle estime que les évêques catholiques ayant facilité les travaux devront, avant l’entame des nouvelles discussions, faire un rapport à celui qui les a mandatés, en l’occurrence le chef de l’État de qui ils devront recevoir l’onction pour engager les parties dans des nouvelles discussions.

"Si les évêques ont agi jusqu’ici, c’est sur la base d’un mandat précis qui est à terme parce que nous avons signé l’accord. Mais étant donné qu’il y a une autre étape, notamment l’arrangement particulier, il appartiendra au président de la République, exerçant son pouvoir discrétionnaire de pouvoir reconfirmer ce mandat. Donc, avant cette étape capitale sur le plan formel et au regard du respect de prérogatives du président de la République, l’on ne saurait poser un acte quelconque », a déclaré le secrétaire général de la MP. Ce n’est pas tout puisque la MP entend faire échec à toute disposition de l’accord qui ne se conforme pas à la Constitution. Et Aubin Minaku d’enchaîner : « Chaque disposition de l’accord devra être mise en œuvre en conformité avec toute la Constitution et les lois de la République. Si une disposition de l’accord n’est pas conforme à la Constitution ou contrarie les lois de la République, nous allons agir comme de droit pour que cette disposition ne soit pas appliquée ».    

Des propos qui laissent perplexes quant à la mise en œuvre de l’accord qui souffre déjà de diverses contestations tant au niveau de la famille politique du chef de l’État que de l’opposition signataire de l’accord du 18 octobre de la Cité de l’Union africaine. C’est autant dire que les évêques catholiques ont encore du pain sur la planche car on n’est pas encore sorti totalement de l’auberge. Leurs bons offices sont loin d'être terminés.

Entre-temps, dans l’opposition dite radicale, les lignes sont en train de bouger avec la fronde menée par le Front pour le respect de la Constitution qui refuse d’être à la traîne du Rassemblement qui s’est accaparé de tous les postes jusqu’à s’octroyer le CNSAP qui était censé lui revenir. Cette frange de l'opposition en synergie avec la MP et, dans une certaine mesure, l’opposition signataire de l'accord de la Cité de l’UA et une partie de la société civile se positionnent déjà comme les frustrés de l’accord du Centre interdiocésain et l’on croit savoir que c’est d’elles que pourrait venir le blocage.  Il appartiendra à la communauté internationale de continuer à mettre suffisamment de pression autour de cet accord pour que l’on aille vers sa mise en œuvre concrète censée déboucher sur la tenue des élections en 2017 dans de bonnes conditions.

Alain Diasso

Notification: 

Non