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Aquarius

Jeudi 14 Juin 2018 - 21:15

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L’errance à travers la Méditerranée du navire affrété par des organisations non gouvernementales et chargé à ras-bord de migrants en quête de paix, de sécurité, de vie tout simplement donne une idée précise de la crise qui s’aggrave en Europe avec, en perspective, une implosion de l’Union qu’elle avait réussie à créer non sans mal au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Rejeté par l’Italie et par la France, même si cette dernière ne l’a pas reconnu officiellement, l’Aquarius a, certes, fini par trouver en Espagne un port disposé à l’accueillir vers lequel il se dirige désormais, mais la crise politique que cette errance a provoquée sur le Vieux continent laisse présager des lendemains difficiles, très difficiles.

Ne pouvant ni s’arrêter ni même se réduire en dépit des difficultés croissantes auxquelles il se heurte, l’afflux des migrants vers les côtes européennes ne peut, en effet, que creuser un fossé entre les pays du sud – l’Italie, la France, l’Espagne, la Grèce – qu’il frappe de plein fouet et les pays du nord – l’Allemagne, la Belgique, l’Angleterre, les Pays-Bas, les Pays nordiques – ou de l’est – la Pologne, la Roumanie, la Bulgarie, la Hongrie – qui ferment leurs frontières afin d’empêcher cette migration sauvage. Il suffit, pour le comprendre, d’écouter les propos que l’errance de l’Aquarius a provoqués au plus haut niveau des Etats concernés.

Répétons donc une fois encore, au risque de provoquer l’ire de la puissante Union européenne, que la seule façon pour les Européens de conjurer le mal qui les menace très directement est, d’une part, de s’entendre entre eux pour accueillir de façon équitable les migrants, d’autre part, de réparer les erreurs qu’ils ont commises pendant plusieurs siècles en exploitant les ressources naturelles de l’Afrique et du Levant, sans se soucier du devenir des peuples qu’ils asservissaient. S’ils ne le font pas très vite et de façon claire, la communauté qu’ils ont bâtie non sans mal volera en éclats avec tous les effets destructeurs qui en résulteront.

La crise qui ravage la Libye depuis cinq ans et qui a fait de ce pays le lieu géométrique de tous les trafics – êtres humains, armes, drogues – est là pour démontrer que le temps de la parole, des discours, de l’illusion est passé. Si l’Union européenne ne prend pas la juste mesure de ses responsabilités dans les drames que nous vivons et ne consacre pas une partie de son immense fortune au développement des pays africains, elle signera son arrêt de mort.

 

Les Dépêches de Brazzaville

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