Art : Orchy Nzaba veut comprendre les Mariottes du Kébé-Kébé

Jeudi 12 Mars 2020 - 19:57

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Edmond Rustique Nzaba, dit Orchy Nzaba, est l’un des chorégraphes congolais qui excellent dans la danse contemporaine. Depuis quelque temps, il a initié un projet sur le kébé-kébé, une danse au nord du Congo, dans la Cuvette.

Le projet porte sur la valeur et l’apport thérapeutique de la danse Kébé-kébé. Orchy Nzaba fera la partie septentrionale du Congo pour explorer le côté caché et mystique, la portée et l’importance du Kébé-kébé en portant une attention particulière sur les Mariottes. Il cherche à percer cet horizon fermé mais réservé exclusivement aux initiés.

L’ouvrage d'Yves Dubois intitulé les Mariottes de Kébé-kébé a inspiré le promoteur dans la rédaction de ce projet qui se veut alors un travail de recherche et de fouille approfondie. Depuis lors, Nzaba et Dubois travaillent ensemble. « Nous allons faire danser du Kébé-Kébé mais pas forcément du Kébé-kébé traditionnel, pour ne pas ramener tous les danseurs du Kébé-Kébé sur scène parce que c’est du théâtre qu’on va faire », a expliqué Orchy Nzaba.

Les Mariottes ou têtes massues Kébé-Kébé des Kuyu sont sculptées uniquement dans un espace restreint entre Boundji et Owando, au nord du Congo Brazzaville. Elles sont souvent exhibées lors des danses. Ces performances amènent les danseurs, entièrement cachés sous un vaste costume, à actionner ces têtes grâce à des bâtons permettant alors de les faire grimper jusqu’à 20 m du sol.

Le Kébé-Kébé, qui est une danse et une société initiatique a été créé par les Koyo (Kuyu-Ngombé d’Owando et de ses environs), est aussi dansé par les Mbossi à côté de leurs danses régulières, à savoir Olée, danse guerrière koma, et autres. De par sa forme ordinaire, le Kébé-Kébé s’apparente à un sport festif où s’affrontent les meilleurs danseurs des différents villages.

Pour Orchy Nzaba qui est originaire du département du Pool au sud du Congo, s’intéresser à une danse se trouvant au nord du pays, cela revient à briser le tribalisme et prouver qu’ils sont tous un seul peuple, uni et indivisible.  A travers le Kébé-Kébé, cela va permettre à tout le monde de voir les similitudes, la valeur qu’il y a dans les danses traditionnelles ainsi que leur rapprochement. Des danses qui ont à peu près un même rythme. 

Il travaillera sur le rapport que l’homme doit avoir avec la nature, son environnement. Aussi voudra-t-il faire comprendre aux Congolais que la danse est d’abord une thérapie. Et celle mise en exergue en est une car c’est également une grande spiritualité. La danse participe au développement sociétal, donc au développement humain.

Dans l’organisation du spectacle à venir, il sera question de danser avec les initiés cette danse au contour mystique et profond. Le voyage dans la partie septentrionale du pays permettra par la même occasion de voir comment est organisée cette société dite Kébé-kébé.

Il faut dire qu’en Afrique, les danses sont négligées alors qu’en Europe, elles rapportent beaucoup d’argent. Au Congo, les politiques culturelles mettent de côté cet art au profit des centres culturels étrangers à l’instar de l’Institut français du Congo qui fait voyager régulièrement des artistes danseurs, en marge des spectacles, dispenser des cours de danse au-delà des frontières. Pendant que « dans d’autres pays comme la Corée du Sud, les Etats-Unis ou la France, n’est pas professeur de danse qui le veut », a conclu Orchy Nzaba.  

Achille Tchikabaka

Légendes et crédits photo : 

Orchy Nzaba

Notification: 

Non