Artisanat : Arlette Soueneta Tsana ne veut pas voir mourir la céramique au Congo

Mardi 3 Décembre 2019 - 13:30

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Issue d’une famille d’artisans, la céramiste modeleuse s’adonne à son art depuis l’âge de 12 ans. La beauté de ses créations et leur originalité font d’elle une artiste pleine d’avenir, en dépit de ses modestes moyens.  

Tous les jours, au village des arts situé non loin de l’hôtel Azur International, Arlette Soueneta Tsana, 37 ans, façonne, décore et crée des objets d’art d’une rare beauté à partir de l’argile qu’elle fait venir de Brazzaville. De ses mains agiles, la modeleuse façonne des statues de tortues, de personnes, de lions, d'éléphants et diverses autres pièces inédites en modèle réduit magnifiquement coloriés avec de la peinture industrielle « Le goût de la céramique, je l’ai eu dès ma tendre enfance car je suis issue d’une famille de sculpteur. Toute ma lignée, de mes grands parents à mon père, tous sont des artisans.  Très jeune, je recueillais la latérite qui collait sur les véhicules en provenance du village et j’en faisais des œuvres d’art qui épataient toujours les gens », a confié  Arlette Soueneta Tsana, qui par la suite suivra un stage à  la Manufacture d’art et d’artisanat du Congo (MACC), encouragée par un responsable de cette structure. « Comme modeleuse, mon travail fut apprécié et ma volonté louée car j’arrivais à façonner jusqu’à trente pièces par jour. Toutefois, en dépit de mon abnégation au travail, le traitement financier était toujours en deçà de mon labeur malgré mes appels répétés à revoir mon statut professionnel. Ne pouvant plus supporter de ne travailler que pour du beurre, j’ai décidé d’arrêter avec la MACC car la rémunération était très loin de satisfaire mes besoins et surtout de m’occuper de ma progéniture », a-t-elle expliqué.

Ainsi, depuis près de quatre mois,  Arlette Soueneta Tsana est installée à Pointe-Noire où elle espère vivre du fruit de son travail. «Tous les jours, je suis à l’atelier, je travaille dur. De temps à autre, je vends mes objets d’art, ce qui me permet de faire face à certains besoins et de ne pas être trop dépendante des autres. Il y a des moments où  je suis sollicitée pour exposer mes objets et dispenser des cours de céramique à ceux qui s’intéressent à cet art, en attendant de mettre en exécution mes différents projets », espère-t-elle.  

Arlette Soueneta Tsana veut ouvrir un atelier où elle va apprendre aux jeunes filles désœuvrées et vulnérables la céramique. « Cela me fait très mal de voir des jeunes filles déambuler dans les rues et de s’adonner à des métiers avilissants qui n’honorent pas la femme. La céramique est en train de mourir au Congo puisque les anciens maîtres tels Kinzololo, Massamba n’ont pas été remplacés. En encadrant ces jeunes filles, je crois transmettre le témoin à la jeune génération qui arrive et qui pourra ainsi vivre de cet art et pourquoi pas s’autonomiser », a-t-elle conclu.

Hervé Brice Mampouya

Légendes et crédits photo : 

La céramiste Arlette Soueneta Tsana / Adiac

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