Asie : le pape appelle à la paix et à la réconciliation

Lundi 18 Août 2014 - 17:22

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Le chef de l'Église catholique est rentré au Vatican après une semaine très diplomatique en Corée où il a porté un message rassurant sur les chrétiens

Le pays n’avait pas été choisi au hasard, la Corée du Sud est en effet le pays le plus catholique de l’Asie du Sud-est. Les gestes et les mots que le pape François y a posés et prononcés n’avaient donc pas que la simple résonnance religieuse qu’on pourrait leur attribuer. Si au bout d’une semaine d’un voyage sans faute, il n’a prononcé ni les mots de Chine, de Japon, ni surtout de Corée du nord, le chef de l’Église catholique n’en a pas moins été habité par la situation de ces trois pays en tension soutenue.

Des pays qui connaissent une réalité religieuse très différente les uns des autres et où les catholiques, et même les chrétiens, ne constituent que d’infimes minorités. Dans tous les cas, l’influence du Vatican y est très relative, la Chine et la Corée du Nord n’entretenant même pas, pour des raisons qui n’ont rien à voir les unes aux autres, de relations diplomatiques avec l’État de la Cité du Vatican. Japon et Corée sont des pays où les missionnaires catholiques ont pu débarquer et exercer, mais au prix de persécutions dont certaines des victimes ont justement été béatifiées au cours de ce voyage du pape, le troisième d’un pape en Corée du Sud.

« Les chrétiens ne viennent pas en conquérants », a assuré le pape François dans un discours destiné sans doute à la diversité religieuse de ce sous-continent, mais sans « cibles » précisées. Même quand le Souverain pontife s’est, semble-t-il, adressé aux Coréens du nord, communistes et athées officiellement, il a eu des mots mesurés,  appelant à l’unité et à la réconciliation. « Tous les Coréens sont frères et sœurs, membres d'une unique famille et d'un unique peuple », a-t-il rappelé lundi dans sa messe de conclusion de ce voyage pastoral, messe destinée à obtenir la paix et la réconciliation de tous les Asiatiques.

Une incertitude s’était quelque peu emparée des milieux vaticanistes le jour d’arrivée du pape catholique en Corée du sud, mercredi dernier, son avion devant survoler le vaste territoire chinois. Pourtant, Pékin a su jouer la carte de la diplomatie courtoise non seulement en ouvrant son espace aérien à l’Airbus A-330 d’Alitalia transportant le chef de tous les catholiques, mais aussi en répondant à ses vœux de paix et de prospérité pendant la traversée, aussi bien à l’aller qu’au retour sur ce pays-continent, un usage protocolaire pour tous les déplacements internationaux du Souverain pontife.

Il semble désormais que le pape argentin veuille privilégier l’Asie, terre d’espérances pour la foi chrétienne. Car après la Terre Sainte (que l’on rattache à l’Asie) qui fut son deuxième voyage international en avril dernier, et après la Corée, le pape François a prévu de se rendre en janvier aux Philippines, autre pays asiatique. Si des voix, que le Vatican invite à n’écouter qu’avec circonspection, font état d’un déplacement possible aux États-Unis, il se confirme bien que le chef de l’Église catholique soit marqué par le souci de conforter avant tout la chrétienté en minorité partout en Asie.

Sa préoccupation de ces derniers jours pour le sort des catholiques d’Irak semble en être une indication. Le pape, qui soutient l’objectif d’un dialogue nécessaire entre les religions et qui condamne les guerres et violences au nom de dieu, l’a redit sous une autre forme en Corée du sud en jetant la « culture de la mort qui dévalue l'image de Dieu, le Dieu de la vie ». Il y a invité les jeunes d’Asie venus à sa rencontre dans un rassemblement continental, à « se lever » et à tourner le dos aux fausses valeurs de l’argent et du clinquant, condamnant même au passage « les prêtres qui préfèrent vivre dans l’opulence ».

Lucien Mpama