Assassinat de deux experts de l‘ONU : les enquêtes vont dans tous les sens

Jeudi 25 Mai 2017 - 16:33

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Des voix s'élèvent de plus en plus pour demander une enquête plus poussée pour établir les faits et les responsabilités.

Qui a tué les deux experts onusiens enlevés le 12 mars et dont les corps furent retrouvés seize jours plus tard dans une fosse commune au Kasaï central ? Cette question taraude bien des esprits tant à Kinshasa, à Paris ainsi qu’à New York où l’on s’affaire pour chercher à élucider cette affaire qui plombe l’image du pays déjà altérée en matière de respect des droits de l’Homme. Au niveau national, une enquête avait été ouverte au lendemain de ce double meurtre. Des investigations menées, il ressort que les responsables de cet odieux assassinat auraient été appréhendés. Les policiers interpellés lors des enquêtes pré- juridictionnelles sont poursuivis notamment pour évasion de détenus et abandon de postes.

Kinshasa s’est évertuée à mettre les FARDC en dehors de cette tragédie assurant que l’armée nationale n’y est impliquée ni de loin, ni de près. « Il n’y a jamais eu embuscade des forces de l’ordre parce que nous avons eu l’occasion d’interroger un des exécutants matériels, l’auteur de ces faits-là », avait en son temps déclaré un haut magistrat dépêché dans le Grand-Kasaï dans le cadre de l‘enquête pré- juridictionnelle. On en saura un peu plus lors du procès des assassins présumés de deux experts de l’ONU annoncé pour imminent et censé se tenir à Kananga. Deux insurgés seraient en détention sur les seize incriminés, apprend-on. Ils sont poursuivis pour « crime de guerre par meurtre, crime de guerre par mutilation, terrorisme, participation à un mouvement insurrectionnel ».

La précipitation avec laquelle Kinshasa s’attelle à dénouer ce dossier judiciaire n’est pas du goût de l’ONU qui pense qu’il y a anguille sous roche. Le Conseil de sécurité qui s'est réuni à huis clos le mardi 23 mai pour discuter de l'enquête congolaise demeure dubitatif sur le sujet. Le fait pour la RDC d’avoir diligenté sa propre enquête alors qu’il persiste encore bien des zones d’ombre est très mal perçu par l’ONU qui doute de l’objectivité des conclusions après dix semaines seulement d’enquête. « Cela semble avoir été mené avec pas mal de rapidité au vu des éléments qui sont ressortis ces derniers jours », a commenté le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric pour qui « l'important est de faire toute la lumière sur cet événement et que leurs responsables soient traduits en justice et condamnés ».

Alors que Kinshasa est en passe d’ouvrir un procès, la commission d’enquête de l’ONU poursuit ses investigations et pourrait présenter son rapport d’ici fin juillet. Outre l’ONU qui mène une enquête administrative - une démarche classique dans ce type d'incident -, la Suède et les Etats-Unis (pays dont sont originaires Zaida Catalan et Michael Sharp), ont également initié leurs enquêtes espérant découvrir le pot au rose. Au plan national, la justice militaire est à pied d’œuvre. Les uns et les autres expriment leur volonté de tirer cette affaire au clair pour qu’au finish, les responsabilités soient établies et que justice soit faite. 

Alain Diasso

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