Assemblée nationale : Jeanine Mabunda et Henri-Thomas Lokondo, deux aspirants au perchoir

Lundi 22 Avril 2019 - 15:53

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C’est le 23 avril que vont être connues les personnalités qui vont présider aux destinées de la chambre basse du parlement, durant cette nouvelle législature.

Les élus du peuple sont appelés à élire leurs délégués au bureau définitif de l'institution en usant de la liberté de choix qui leur est garantie par l’article 101 de la Constitution du 18 février 2006, qui stipule que tout mandat impératif est nul. Par conséquent, c’est en âme et conscience que les députés nationaux vont élire leurs pairs, indépendamment de leur filiation aux partis et regroupements politiques étant donné qu’ils représentent le seul peuple souverain vis-à-vis duquel ils sont redevables. Dieu seul sait si cette donne sera respectée ou si les mots d’ordre des partis politiques vont interférer dans les choix des députés.  

En tout état de cause, il est clair que la coalition Front commun pour le Congo (FCC)-Cap pour le changement (Cach) est en train de dicter son tempo en tant que force majoritaire à l’Assemblée nationale. Avec le boycott du vote par l'opposition parlementaire incarnée par les députés de Lamuka frustrés par la répartition inégale, selon eux, des postes au niveau du bureau, la coalition FCC-Cach est en passe de tout rafler en prenant les commandes de l'institution. L’opposition qui a réclamé la deuxième vice-présidence, outre le poste de rapporteur adjoint, n’a pas eu gain de cause et s’est butée à la frénésie boulimique d’une majorité FCC-Cach qui ne veut rien lâcher.

Un outsider de taille

Ainsi donc, sur les sept postes qui composent le bureau de la chambre basse, seul celui du rapporteur adjoint attribué à l’opposition demeure vacant. Pour tout le reste, excepté la présidence, le tandem FCC-Cach est presque assuré de la victoire via ses candidats alignés à chaque poste, faute des challengers de taille. Un cas de figure difficile à répliquer concernant la présidence du bureau de l'institution où la candidate de la coalition FCC-Cach aura fort à faire face à l’indépendant Henri-Thomas Lokondo. Si sur papier, les choses peuvent paraître simples au regard du soutien dont jouit la candidate du PPRD, d’ores et déjà plébiscitée parce qu’étant le fruit du consensus entre le FCC et le Cach, Henri Thomas Lokondo se présente comme un outsider pouvant lui faire ombrage.  

Député élu pour le compte de la plate-forme Palu et alliés, Henri-Thomas Lokondo a toujours fait preuve d’indépendance d’esprit et d’autonomie de pensée tout en étant dans le giron FCC dont il s’est souvent démarqué par ses prises de position en totale déconnexion avec celles défendues par son regroupement politique. Ce qui lui a, d’ailleurs, valu l'estime de ses collègues, tant de l’opposition que de la majorité. « Les députés estiment que je joue un rôle qu’ils apprécient, bien que je sois de la majorité. Un rôle qui est en rapport avec le comportement qui est demandé à un président de l’Assemblée nationale », argue-t-il.     

L’élu de Mbandaka entend mettre ses douze ans d’expérience parlementaire au service de la chambre basse, en donnant plus d’impulsion aux deux missions régaliennes assignées à son institution, en l’occurrence légiférer et contrôler. « Veiller à ce que la production législative soit conséquente et que le contrôle parlementaire soit aussi conséquent », tel est le leitmotiv censé guider son action à la présidence de l'Assemblée nationale. Âgé de 64 ans, ce politologue de l'Université libre de Bruxelles est passé par toutes les strates où il a servi loyalement l'Etat congolais.   

Plébiscite avant terme de Mabunda      

Henri-Thomas Lokondo devra batailler dur pour renverser la grande muraille que représente la candidate du FCC-Cach qui, naturellement, jouit des faveurs des pronostics. L’ancienne représentante personnelle de Joseph Kabila, chargée de la lutte contre les violences sexuelles et le recrutement des enfants soldats, a bien des atouts, intellectuels et professionnels, à faire valoir. Jeanine Mabunda se veut pragmatique et capable de fédérer les différentes opinions dans le respect de la diversité.

Outre le soutien des députés de la majorité FCC-Cach, elle sait qu’elle peut également compter sur celui des femmes parlementaires en tant que symbole de la parité homme-femme jamais concrétisée au plan institutionnel. Elle se veut aussi une femme de dialogue et d’écoute et place son mandat sous le signe de la proximité. D’où son concept de campagne : « Dans la proximité… A l’écoute du peuple ». Elle est détentrice d’une licence en droit de l’Université catholique de Louvain (1987) et d’une licence en sciences commerciales de l’Institut catholique des hautes études commerciales  de Bruxelles (1988). Tout compte fait.

C’est autour de ces deux personnalités que va se cristalliser, ce mardi, le choix des députés pour la présidence du bureau définitif de leur institution. Le jeu s'annonce serré et c’est dans l’isoloir et devant l’urne que tout va se jouer, le vote du député étant par essence libre, loin des mots d’ordre et des consignes.      

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Jeanine Mabunda

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