Assurance maladie universelle : le financement s'élève à plus de 60 milliards par an

Mercredi 15 Mars 2017 - 15:46

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Les études préliminaires sur le panier de soins et le coût associé pour la mise en place de l’Assurance maladie universelle (AMU) au Congo ont été validées par les experts nationaux, le 15 mars à Brazzaville. Le coût de l’AMU a été estimé à 60 045 367 456 FCFA soit 12 249 FCFA par tête et par an ou 1021 FCFA par tête et par mois, en distinguant un volume et un prix pour chaque item de prise en charge.

Ce montant inclut les tarifs (consultation, ordonnance), forfaits proposés en référence à des standards internationaux (moustiquaire, VIH). « Avec une taille moyenne de ménage de 4,3 personnes, on obtient 4389 FCFA par mois et ménage, selon les bases de données 2016. Les projections démographiques conduisent à une population en 2017 de 5, 07 millions de personnes et à un rythme de croissance de 2017 à 2021 qui est de 2,5 % par an et non plus de 2,1 % par an », explique Alain Letourmy, chef de mission du cabinet Expertise France.

Un panier de consommation 2012 a été défini et actualisé pour 2017. La consommation a été estimée à partir des effectifs des divers groupes d’âge. Constat fait : la dépense progresse légèrement moins vite que la population totale. « L'indice des prix à la consommation a semblé ensuite une indexation pertinente au regard des producteurs de soins. Une fois la montée en charge du dispositif terminée, la couverture maladie universelle représentera un coût de l'ordre de 1 % du PIB. À l'horizon de 2021, l'ordre de grandeur restera le même », indiquent les experts du cabinet Expertise France.

En clair, le rythme d'accroissement du coût sera un peu inférieur à celui de la population, à la structure du panier de soins inchangé. « A long terme, si le Congo connaît une réelle croissance économique, les tarifs des soins seront, de fait, indexés sur les salaires plutôt que sur les prix et des effets prix pourront conduire à une dérive du coût du dispositif, indépendamment des facteurs de consommation médicale », peut-on lire dans leur rapport.

Outre l’estimation du coût du panier, les experts ont, entre autres, planché sur les aspects réglementaires et conventions, la composition du panier de soins, les modalités de couverture des maladies dues à de nouveaux facteurs de risque.

Au nombre des dysfonctionnements du système sanitaire congolais, Expertise France a noté : l’accès limité des populations aux soins et services médicaux ; une couverture encore insuffisante en CSI et hôpitaux de base ; la faible qualité des soins et services offerts, notamment par le public ; la disponibilité limitée des médicaments, réactifs, produits sanguins et autres produits médicaux ; ainsi qu’un défaut de financement public.

Pour rappel, ce régime intègre trois dimensions prioritaires à savoir : la santé mère-enfant ; les maladies transmissibles et tropicales négligées, ainsi que les maladies non transmissibles qui prévoient un traitement curatif complété par une dimension préventive. Le panier se présente en deux niveaux : un panier solde, c’est-à-dire des prises en charge de situation qui se feront à 100% sans ticket modérateur de la mère et l’enfant, ainsi que des maladies nutritionnelles. Il prendra également en charge certaines maladies transmissibles et tropicales telles que : le paludisme ; le VIH/Sida ; la tuberculose et la prise en charge de certaines maladies non transmissibles comme l’hypertension artérielle et le diabète. Cette prise en charge est applicable tant pour la santé mère-enfant que pour les maladies transmissibles et les maladies non transmissibles. En cas de référencement justifié, le transport sanitaire sera de même pris en charge. Et un panier dit complémentaire pour lequel sera exigé un ticket modérateur, dont les montants sont négociables, concernera les maladies transmissibles et non transmissibles.

Une offre curative, en intégrant les programmes de gratuité existants, ainsi qu’une offre préventive et promotionnelle, de façon à diminuer progressivement l'incidence des pathologies actuelles, a également été pris en compte. L'objectif est de réorienter le contenu du panier de soins en fonction des besoins, tant dans son périmètre de prise en charge que dans son niveau de couverture des coûts.

Le secteur public renforcé est le principal acteur du dispositif AMU. Il devra être secondé par le secteur privé, le service de santé des armées, et l'offre confessionnelle. Pour être plus opérationnel, il a été proposé de réactiver et développer les Comités de santé et de gestion, les relais communautaires et les Organisations non gouvernementales.

Même si les deux premières études ont été livrées à la partie congolaise, quatre autres études restent encore à être menées pour finaliser ce projet qui donne espoir à bon nombre de Congolais. Ce régime sera financé grâce aux cotisations des employeurs et travailleurs du secteur privé, des indépendants, de l'Etat employeur et des agents de l'Etat, des pensionnés.

Josiane Mambou Loukoula

Légendes et crédits photo : 

Photo: les experts au cours de l'atelier de validation

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