Assurance : un appui « légal » pour la Sonas

Mardi 15 Septembre 2020 - 11:39

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Sur instruction de la présidence de la République, des dispositions vont être prises par le gouvernement central pour accompagner la société commerciale dans un contexte concurrentiel plus agressif. Depuis 2015, la libéralisation des assurances a conduit à l’arrivée des grands acteurs dans ce secteur placé sous le monopole de l’État depuis le 23 novembre 1966. L’enjeu de cette importante réforme est énorme car il permet au pays de reprendre le contrôle de plus de 90 % de son marché exploité à l’étranger.

Dans un paysage désormais libre, le sort de l’opérateur historique, la Société nationale d’assurance (Sonas), ne constitue plus vraiment un enjeu particulier pour les autorités rd-congolaises. Le marché étant suffisamment vaste pour tous les acteurs, il appartenait tout simplement à la Sonas de réfléchir sur une stratégie adaptée au contexte d’aujourd’hui. Cinq ans après la libéralisation, les informations parvenues à la présidence de la République et discutées en conseil des ministres ne sont pas rassurantes. Le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, a fait état des difficultés de fonctionnement de la Sonas. Pour le premier citoyen congolais, il est du devoir de l’État, actionnaire unique de la Sonas, de l’accompagner dans le strict respect du principe de la compétitivité de l’économie. Cet accompagnement ne devrait pas aller au-delà des moyens nécessaires pour permettre à l’opérateur public, qui dispose d’un portefeuille client, d’être plus compétitif.  Il n’empêche que les experts se joignent à ce débat pour rappeler au gouvernement de la République qu’il y a un mécanisme de mise en conformité qui devrait aboutir à l’ouverture nécessairement du capital de la Sonas.   

49 ans après, le monopole accordé à la Sonas n’a pas apporté les fruits escomptés à cause du faible pouvoir d’achat du Congolais, de l’absence de culture d’assurance, de la délocalisation des assurances de grands risques, du non-respect des obligations d’assurances et de la gestion calamiteuse des entreprises d’assurance. Aussi la libéralisation intervenue dans les années 2015 est apparue à la fois comme une volonté politique de se conformer aux standards internationaux mais également une alternative pour permettre au pays de se donner un nouveau départ dans un secteur dont il dispose de nombreux atouts inexplorés à ce jour. Au cours de la période de libéralisation, c’est-à-dire entre 2015 et 2016, le pays affichait un taux de pénétration d’à peine 0,39 %. Dans la région, l’Afrique du Sud se démarquait déjà avec plus de 13 % de pénétration.

Le faible score de la RDC représente désormais une véritable opportunité pour les opérateurs économiques désireux d’investir en terrain quasiment inexploré. En effet, selon les chiffres officiels disponibles, nous parlons d’un secteur estimé à 850 millions de dollars américains US, mais seul près de 7 % étaient réellement captés. Le reste échappait totalement au contrôle du pays. Bien encadré, le marché des assurances devrait atteindre les 5 milliards de dollars américains US dans les dix prochaines années. Il s’agit bien d’une aubaine pour les nouveaux acteurs d’autant plus que la nouvelle législation instaure au moins six polices d’assurance obligatoires. Par ailleurs, le pays continue à enregistrer un développement croissant de ses grands secteurs, en l’occurrence les mines, l’agriculture et forêt, l’immobilier et le développement des infrastructures.

La libéralisation des assurances ouvre donc de nouvelles perspectives pour le marché des assurances. Avant de faire le grand pas, plusieurs études ont mis en garde contre toute précipitation dans la réforme pour ne pas enregistrer la disparition d’une énième société publique.

Laurent Essolomwa

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