Assurance : une confiance à construire après cinquante années de monopole étatique sans résultats

Samedi 3 Août 2019 - 15:40

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Depuis quatre ans, la RDC expérimente une libéralisation plutôt difficile du secteur de l’assurance qui serait, selon un expert interrogé par la rédaction, « resté un peu trop longtemps sous l’emprise de l’État ». Pour lui, les seules lois et réglementations ne suffiront pas à dynamiser les activités de l’assurance dans le pays même si, entre-temps, plusieurs opérateurs privés ont fait leur entrée dans ce vaste marché encore à conquérir.

Après cinquante ans de monopole, la libéralisation s’est confirmée d’abord par la publication, le 17 mars 2015, de la Loi N 15/005 portant Code des assurances en RDC. Pourtant, il a fallu attendre plus de quatre ans, soit le 28 mars 2019, pour assister à la remise officielle des premiers agréments à des opérateurs privés éligibles. Au lendemain de l’euphorie quasi générale de cette vague d’agréments, il y a eu désormais la place aux interrogations légitimes sur les réelles perspectives du secteur des assurances sur l’étendue du pays. « Le marché est enfin libre mais il faut bien encadrer le secteur pour barrer la route aux sociétés « bidon ». De plus, l’expérience de la Société national d’assurance ne peut constituer un véritable soubassement ou une référence pour mettre en œuvre une stratégie crédible », interpelle Clément L. Plutôt positif, William N. voit plutôt la formidable opportunité pour le pays de promouvoir la concurrence au grand profit de la population.     

Un nouveau depart

Mise en place  une année après la publication de la Loi, l’Autorité de régulation et de contrôle de l’assurance en RDC (Arca) a reçu la lourde mission de faire décoller le secteur. Il est impérieux d’accompagner le secteur des assurances pour réussir l’ouverture du marché, et c’est le principal objectif de l’Arca. Des cabinets internationaux ont apporté leur expertise, le cas du cabinet américain Ernst & Young qui a organisé deux éditions des « Rencontres des assurances ». Les thèmes ont été choisis en fonction des questions en suspens : la fiscalité des assurances, l’apport des autres secteurs et institutions publiques dans la constitution d’une base de données fiables et le plan comptable des assurances. Pour autant, le travail d’explication reste encore laborieux à ce stade.    

Pour tous, le secteur de l’assurance exige des mesures incitatives pour amorcer un bon départ. Mais l’histoire a pris une toute autre tournure avec l’agrément des sociétés (Activa-RDC, Rawsur SA, Rawsur Life SA, la Société financière d’assurance du Congo) et autres courtiers  (Gras Savoy, Line Insurance Brokers RDC). La présence de la camerounaise Activa n’est pas passée pas inaperçue même si, d’une manière générale, l’Afrique ne bénéficie pas encore de la totale confiance des experts locaux. En effet, pour certains d’entre eux, l’assurance est encore à ses balbutiements dans le continent africain. Pourtant, Activa, la 3e compagnie d’assurance-non vie du Cameroun avec un chiffre d’affaires de 17,7 milliards de francs CFA (2016), a bien ouvert le bal en obtenant le premier agrément du régulateur RD-congolais. Il est d’ailleurs loin d’être une société « balbutiante », ironise William N, qui rappelle que « la société camerounaise bénéficie de l’expertise des bailleurs internationaux comme la Proparco (filiale de l’AFD) et la Société financière internationale (filiale de la Banque mondiale) ».

L’Arca recentre le débat

À en croire le régulateur, le vrai débat est ailleurs. Le 1er aout 2019, le directeur général de l’Arca, Alain Kanyinda, a participé aux Journées portes ouvertes de l’Agence nationale de promotion des investissements. Il en a profité pour sensibiliser et vulgariser les réformes opérées par le gouvernement de la République dans le secteur  des assurances. Sa cible est les PME. Rien qu’à Kinshasa, ces entités fonctionnant pour la plupart dans l’informel ont dépassé le million. Une campagne de recensement de l’institut national de la statistique (INS) est même en cours pour tenter de les identifier. Alain Kanyinda a rappelé le caractère historique des agréments octroyés à ces opérateurs privés. « Les sociétés d’assurance créées à ce jour en RDC ont permis de briser le monopole dans ce domaine que détenait, depuis des longues années, une seule société. La création de l’Arca constitue l’une des préalables exigée pour la libéralisation du secteur des assurances en RDC », a-t-il sigifié.  Pour les prochaines semaines, les efforts vont continuer à se concentrer davantage sur l’éducation des nationaux. « Rien ne pourra se faire si la population ne se familiarise pas avec ces produits, si elle n’y trouve pas un intérêt essentiel. C’est le sens du prochain défi qui s’impose dans le secteur des assurances en RDC. II faut expliquer les différentes dimensions d’intégration de la notion d’assurance au sein de la population : assurance scolaire, assurance incendie, assurance véhicules, assurance tous risques, assurance sportive, assurance voyage, assurance vie, assurance funéraire, etc. »   

Laurent Essolomwa

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