Attaque du camp Tshatshi : on en sait un peu plus

Mercredi 23 Juillet 2014 - 19:06

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Le bilan, encore provisoire, fait état de sept morts, dont six assaillants et un officier de la garde républicaine. 

 Sur ce qui s’est passé le 22 juillet à Kinshasa, précisément au camp Tshatshi qui, le temps d’un éclair, a été le théâtre d’affrontement entre les unités de la garde républicaine et un groupe d’assaillants non autrement identifiés, on en sait long. En attendant que les sources officielles fassent la restitution de cet évènement tragique avec des données précises, celles indépendantes avancent le chiffre de sept morts dont six assaillants et un officier de la garde républicaine. Des spéculations vont bon train sur l’identité de ces assaillants qualifiés « d’intrus » ou encore de « malfrats » en raison de leur opération de sape menée contre ce site militaire. Les services spécialisés travaillent là-dessus et sans doute après recoupements, l’identité de ces inciviques (ils étaient une vingtaine), pourra être révélée.

Ce qui n’empêche pas le commun des Kinois de réfléchir sur cette situation aux fins de cerner les tenants et les aboutissants de ce coup de force. « Ce sont des gens qu’on avait identifiés lors du refoulement des RD Congolais vivant à Brazzaville », avait lâché le porte-parole du gouvernement au cours d’une intervention télévisée dans la foulée des évènements. L’officiel congolais ne croyait pas si bien dire car plusieurs sources concordantes contactées ont abondé dans le même sens en soutenant la piste Enyele. Certaines langues précisent même que ces ex-militaires refoulés de l’autre rive auraient accédé au camp Tshatshi par le quartier périphérique de Kinsunka. D’autres soutiennent que les services pistaient déjà depuis de longs mois ces militaires et étaient au faîte de leurs préparatifs. « La tentative d’assaut de mardi 22 juillet serait destinée à libérer les capturés et attaquer l’armurerie du camp Tshatshi », soutient-on dans certains milieux.

Il est encore trop tôt, pense-t-on, d’établir précisément dans quel contexte ces tirs se sont produits et quelles ont été les motivations des assaillants. Etait-ce une action de sape destinée à déstabiliser les institutions établies et à instaurer la terreur dans la population ? Difficile de répondre à cette question, d’autant plus que les Enyele eux-mêmes n’ont jamais eu de revendication sérieuse. Face à la confusion, à l’incohérence et à l’irrationalité qui a toujours caractérisé leur discours, l’on comprend toute la difficulté à contextualiser le coup de force de mardi. D'où l'interpellation du gouvernement plus que jamais exhorté à étudier minutieusement la problématique Enyele en cherchant à connaître leurs desiderata de sorte à les canaliser pour éviter d’éventuels rebondissements.   

Pour rappel, tout avait commencé en octobre 2009 par des affrontements intercommunautaires entre les Enyele et les Boba, deux tribus qui se disputent des étangs piscicoles depuis des lustres à l’Équateur. Près de deux cents morts, plus de 60.000 déplacés internes et plus de 110.000 réfugiés au Congo-Brazza. Tel est le bilan macabre de ces affrontements dont le pays subit, encore aujourd’hui, le contrecoup.

Alain Diasso