Attentat déjoué contre le pape en 2010 ? Le Vatican minimise

Samedi 25 Avril 2015 - 12:00

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Les faits sont anciens mais le contexte de tensions créé par les exactions des mouvements djihadistes les ont rendus particulièrement sensibles

Les faits remontent à 2010, et le pape visé alors n’était pas l’actuel mais son prédécesseur, Benoît XVI. Mais le démantèlement vendredi en Sardaigne d’un réseau djihadiste a relancé la crainte contre des risques réels d’attentat au Vatican et en Italie. Dans la grande île vendredi, les policiers italiens ont mis la main sur des personnes présentant tout le profil du parfait djihadiste. Deux d’entre elles furent même des gardes du corps d’Oussama Ben Laden, le fondateur d’Al Qaida.

Ces personnes auraient, selon la police qui ne parle pour l’heure que de « forte présomption », évoqué en 2010 un projet d’attentat contre le Vatican tout en ayant participé dans leur pays d’origine, le Pakistan, à une attaque meurtrière en 2009. Placés sous écoutes, les deux compères avaient, en 2010, prononcé le mot « Via della Conciliazione », la principale avenue qui mène sur la Place Saint-Pierre. Ils avaient aussi, disent les enquêteurs, tenu des propos ironiques sur la personne du pape Benoît XVI.

Il n’en fallait pas plus pour déclencher la machine d’investigation et recontrôler des fichiers qui, à l’époque, avaient sans doute été mis de côté. On a épluché leurs correspondances, cherché à connaître leurs faits et gestes et, in fine, procédé à leur arrestation sur toute l’Italie. « Tenez-vous prêts, les bombes vont exploser » ; « le Jihad part d'Italie », auraient dit certains des suspects alors sur écoute, a révélé le procureur de Cagliari, le chef-lieu de Sardaigne, Mauro Mura. De proche en proche, l’enquête a permis de mettre la main sur 18 personnes au total, en Sardaigne et dans d’autres provinces italiennes.

Pour l’heure, les faits les plus probants sont reprochés à neuf d’entre des étrangers sont leur participation avérée à des attentats au Pakistan. La justice italienne y ajoute  aussi des supputations de participation, suivant le mandat d’arrêt contre eux, à « une organisation dédiée aux activités criminelles transnationales s'inspirant d'Al-Qaïda et à d'autres organisations radicales prônant la lutte armée contre l'Occident et l'insurrection contre l'actuel gouvernement du Pakistan ». Ils auraient également participé à un réseau de trafics d’immigrés clandestins en Italie. De fortes sommes d’argent auraient été mises à jour durant les enquêtes.

L’affaire est assez alambiquée et le Vatican n’est pas loin d’estimer que c’est du simple réchauffé dû au contexte. Le jésuite Federico Lombardi, porte-parole du Saint-Siège, a été des plus laconiques vendredi. « Il s'agit de faits remontant à 2010, qui ne se sont pas produits. Il ne s'agit donc pas de quelque chose de pertinent et ce n'est pas un sujet de préoccupation », a-t-il dit, dans une réponse orale à des journalistes.

Lucien Mpama