Audit : les agences de l’ONU dans le collimateur

Dimanche 29 Novembre 2015 - 15:00

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Le constat du déséquilibre entre les coûts de fonctionnement, les salaires et le budget alloué aux activités de développement est patent dans  ces structures onusiennes qui feraient la part belle aux experts internationaux au détriment des compétences locales.

Entre le ministère de la Coopération et les agences des Nations unies opérant en République démocratique du Congo, le torchon brûle. À la base de la discorde entre les deux parties se trouve la volonté d’audit exprimée par le gouvernement congolais via le ministère de la coopération quant à l'utilisation de l'expertise internationale au sein de ces structures onusiennes. Le ministère de la Coopération a motivé sa requête par le besoin de voir comment sont utilisées les compétences locales dans lesdites agences partant des rumeurs selon lesquelles il y aurait une forte propension à recourir aux experts internationaux au détriment des ressources nationales pour les mêmes qualifications.

Au ministère de la Coopération, on est convaincu que les responsables desdites agences font la part belle aux experts internationaux jusqu’à abuser des textes les régissant. En effet, les agences onusiennes sont censées avoir recours à l'expertise internationale « uniquement au cas où il y a une carence au niveau national et après plusieurs tentatives infructueuses d'appel d'offres ». Il s'avère que dans la pratique, cette disposition est loin d’être respectée. Les experts locaux sont à peine visibles dans les bureaux où le déséquilibre est manifeste. Voyant dans la requête du ministère de la Coopération une manière de chercher à fouiner dans ses affaires, le coordonnateur résident des Nations unies a réagi énergiquement aux courriers envoyés aux agences elles-mêmes en opposant une fin de non recevoir à cette démarche. Et de brandir, dans une note verbale datée du 23 octobre dernier, la Convention sur les privilèges et immunités des Nations unies comme pour dissuader le ministère à ne pas poursuivre son projet. Cette convention, a-t-il fait savoir, interdit notamment toute perquisition et réquisition de biens ou de documents.

C’était sans compter avec la détermination du ministère qui tient à aller jusqu’au bout de sa logique. « Il ne s'agit pas de perquisitionner, réquisitionner ou d'exercer toute autre contrainte administrative », lui répondait le ministère tout en précisant que la mission d’audit qu’il entend mener devrait, entre autres, consister à passer en revue les procédures de recrutement et les contrats, à interroger les responsables des bureaux, des projets et à répertorier tous les experts dans le pays. Au-delà, il s’agit aussi de voir clair dans l’utilisation des fonds à la lumière du déséquilibre constaté entre les coûts de fonctionnement, les salaires et le budget alloué aux activités de développement. Les deux parties seraient, pour l’heure, dans l’expectative, chacune campant sur sa position. Un rendez-vous à prendre dans le plus bref délai s’avère déterminant pour trouver un modus vivendi autour de cette question qui déjà fait tâche d’huile.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Une patrouille de la Monusco

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