Bayreuth, capitale occidentale des études africaines

Vendredi 12 Juin 2015 - 20:30

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L'histoire comence en 1981 quand le Président du Sénégal, Léopold Sedar Senghor, est invité par le ministre-président de Bavière, Frantz Joseph Strauss.  Les deux hommes décident alors de fonder l'université de Bayreuth avec, pour commencer, une chaire pour des études de littérature africaine et, plus tard, la chaire de l'éthnographie avec un focus sur l'Afrique.

Petite ville allemande à la frontière de la République tchèque, Bayreuth, connue mondialement pour son festival des opéras de Richard Wagner est devenue au fil des ans la référence mondiale des études et des recherches sur l'Afrique. En 1984, un institut pour la promotion des doctorats BIG SAS a été fondé. Depuis, une centaine de boursiers africains y sont accueillis chaque année et sont accompagnés dans leurs recherches.

Cette  année, une association de professeurs des lettres africaines des universités américaines ont tenu leur  conférence annuelle dans la période du festival. L'atmosphère est très familiale comme dans une grande famille africaine car les nouveaux membres sont accueillis et encadrés par les vétérans.

Parmi ces professeurs, on retrouve Irene Assiba D'Almeida du Benin. Elle est professeur des études francophones à l'université de l'Arizona à Tucson. Elle enseigne aux États-Unis depuis une trentaine d’années. « La litterature africaine est enseignée aux États-Unis beaucoup plus qu’ailleurs », reconnaît-elle. Parce que, expllique-t-elle : « Dans les années 1960, pendant le mouvement pour les droits civiques des Noirs, les gens ont découvert la littérature anglophone. Cependant  la littérature francophone, découverte dans les trente dernières années, se montre très florissante. Pratiquement dans chaque université on trouve au moins un professeur de littérature africaine. »

Irène est militante, spécialiste de la littérature feminine de l'Afrique de l'Ouest. En en 1994 elle a publié, en anglais, son tout premier livre de critique sur la littérature francophone au féminin 1994, « femmes francophones d'Afrique – destruction de silence ». Puis en 2010 « Une pluie des mots »,  une édition bilingue dédiée aux poétesses africaines. Elle explique que « malgré le fait que les chercheurs australiens ont recensé 500 femmes écrivains en Afrique et malgré qu’il existe des maisons d’édition dans la plupart des pays africains,  la littérature écrite par les femmes sur le continent reste inconnue. C'est notre devoir, en tant que professeurs de populariser et enseigner ces écritures ». En effet, même publiés, ces livres ne sortent pas de leur pays de publication.

BIG SAS, littérature festival

L'université de Bayreuth s'est doté d'un festival littéraire au début du mois de juin. Avec pour thème « les Avenirs futurs de l'Afrique -Visions en Transition », ce festival est destiné au grand public et ne se limite pas qu’à la littérature. Cette année, à côté du poète Youssef Waboun du Maroc qui a présenté pour la première fois au public son dernier poème, le dramaturge togolais, Sénouvo Agbota Zinzou, auteur populaire au théâtre en Allemagne installé à Bayreuth depuis trois décenies, a lu en public sa pièce Cantata inspiré du spectacle réligieux en langue "Ewe" avec pour unique personnage biblique la femme de Loth.

Qudus ONIKEKU a présenté sa pièce Original Africaman – inspiré de la musique de Fela Kuti. L'écrivaine nigérianne basée aux États-Unis, Nnedi Okorofor, a quant à elle lu son dernier livre futuriste « Le livre du Phoenix » qui fait une projection étonnante sur les visions terrifiantes du Nigeria en 2085.

Noah Sow, une figure des médias allemands a tenu un colloque sur le thème « Décoloniser – qui ? » tandis que Mansour Ciss Kanakasy a exposé son projet « Global Pass »,  un document de voyage qui ignore les frontières.

La présence africaine était aussi marquée par la visite du musée iwalewa house fondé en 1981 au moment de la chaire des lettres africaines. IWALEWA signifie en Youruba « bon caractère. ». Le musée fait partie intégrante de l'université de Bayreuth. C'est un espace de création en accord avec les artistes africains en résidence. Il possède également l’une des plus grandes collections d'arts traditionnels de l'Afrique en Allemagne.

 

Sasha Gankin

Légendes et crédits photo : 

Susan ARNDT et Teju Cole lors de la conférence

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