Beauté : la manucure ambulante, un secteur toujours aussi florissant

Samedi 31 Mai 2014 - 0:15

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Brazzaville vit depuis des années au rythme des sifflets dans les rues ou aux abords des marchés. Sifflets, mais aussi grincements stridents de flacons, ces signaux signifient simplement que le mwana vernis (le garçon au vernis) passe dans la rue et propose ses soins à domicile et à bas prix…

Et depuis, l’activité a bien pris son envol. De 100 FCFA à un peu plus pour les soins des pieds associés à la pose de vernis sur les ongles, le mwana vernis, à la fois homme de la manucure mais aussi fin commerçant ambulant aux arguments imparables, propose toutes sortes de teintes. Au fil des années, les femmes sont devenues toujours plus nombreuses à recourir à ses soins.

Les raisons d’un tel phénomène sont toutes trouvées, à commencer bien sûr par le coût du service. Rappelons que l’on devra débourser au moins 10 000 FCFA dans un salon d'esthétique. Devant payer chaque mois un loyer, des produits cosmétiques dernier cri et des employées, ces salons ont vu leur activité quasiment captée par des sujets de RD-Congo.

Le mwana vernis s'est fait rare avec le rapatriement des petits clandestins. Lui, s’accommodait de toutes les circonstances pour vendre ses services. Par temps de pluie ou sous le soleil brûlant, il savait proposer son savoir-faire à bas prix. Dans les quartiers, nombreuses sont les femmes qui avaient le numéro de téléphone d’un poseur d’ongles, car elles en connaissaient les mérites dans l’art de décorer les ongles. La nature ayant horreur du vide, depuis quelques semaines d’autres personnes, des femmes le plus souvent, se sont improvisées mwana vernis, les hommes n’ayant jusqu’ici pas encore osé franchir le pas d’une activité que l’on juge le plus souvent subalterne et peu valorisante.

Pour ces dernières donc, on remarquera que c’est surtout le côté lucratif qui les a poussées à faire de la manucure, mais cette-fois en investissant des coins fixes dans les quartiers ou marchés. Avec pour différence aussi une petite touche de nouveauté dans la proposition des soins. L’utilisation de détergents pour mieux nettoyer les pieds ou les mains avant de limer les ongles. D’ailleurs, les clientes elles-mêmes ont « muté » : dorénavant elles sont prudentes et plus regardantes sur la qualité du matériel utilisé, n’hésitant pas à acquérir ce que les petits commerçants d’il y a quelques semaines proposaient dans les marchés. Ainsi des sets de manucure de toutes sortes vous sont proposés à des prix qui, même lorsqu’ils atteignent les 5 000 FCFA ou plus, ne sont vraiment jamais ce qu’ils sont dans un vrai salon, avec fauteuils en cuir, magazines à consulter, sèche-cheveux électriques et tout l’attirail. Dans les grands marchés tels que Poto-Poto, ce sont les femmes ouest-africaines qui dominent dans le service de manucure. Il s’agit de commerçantes aguerries et équipées, qui proposent des gammes de mèches, de vernis et même des prestations de coiffeuse.

Les Brazzavilloises qui avaient commencé à s’inquiéter de l’absence des mwana vernis sont aujourd’hui prêtes à tout donner pourvu que leurs pieds ou leurs mains soient propres. La rareté des petits enfants mobiles de RDC dans les rues les pousse à débourser désormais 1 500, voire 2 000 FCFA pour la manucure, contre 200 FCFA il y a quelque temps. Ce qui renforce l’éclosion de ce commerce dans la cité, avec des prix atteignant désormais les 500 FCFA mais restant tout de même abordables. L’activité ambulante est désormais réalisée par des femmes qui n’ont pour la plupart pour atout principal que le courage de relancer des activités débutées par d’autres, avec l’assurance d’assurer une fin de journée confortable.

Luce-Jennyfer Mianzoukouta

Légendes et crédits photo : 

Photo : Une poseuse d'ongles en plein travail. (© DR)