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Biks Bikouta

Samedi 2 Mai 2015 - 12:14

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Biks, de son vrai nom, Sébastien Bikouta, est né le 1er janvier 1934. Après des études en France, il démarre une carrière de diplomate qui le tient loin de la musique. Multi instrumentiste, Biks est un musicien émérite.

En 1975, à l’initiative du ministère de la Culture et des Arts, quelques grands noms de la musique se retrouvent au sein de l’orchestre national. Biks en est le chef. Cet orchestre dans sa première version est le condensé de ce que le Congo musical compte d’étoiles. Jugez-en : Essous, Nino, Jean Saïdou, Nona Arthur (saxo), Freddy Kebano, Biyela Gerry Gérard (soliste) ; Passy Mermans (mi-solo) ; Alphonse Taloulou, Bouma (basse), Samba Mascott (accompagnement), Saturnin Pandi, Rikky Siméon, Ernest Massengo (batterie), Sammy Malonga, Kabongo Wetu (trompettes) ; Pamelo Mounk’a, Ange Linaud, Moutouari Kosmos (chant). À la suite de la création de l’orchestre national dont l’ossature est constituée de dix musiciens de l’orchestre Bantous de la capitale, quelques musiciens de cet orchestre, laissés sur le carreau, Lambert Kabako, Antoine Mawana Braz Antonio et Ferdinand Kiolo décident de rejoindre l’orchestre Télé Music  de l’Office national des Postes et télécommunications tandis que, de son côté,  Nona Arthur opte pour l’orchestre Le Peuple du Trio Cepakos.

Après une série de spectacles au Ciné Vog, à Brazzaville, l’Orchestre national enregistre un 30 cm, intitulé Vision, comprenant 9 titres : Lemba (Mermans), Mossendjo (Essous), Nti ani Congo (Samba Mascott), Kanisa (Kebano), Kituari (Bikouta), Bilanga (Bikouta), Ah Congo ! (Bikouta). Ce disque est enregistré par Freddy Kebano. L’orchestre national se rend, en 1977, au Festival de Lagos. Huit ans après celui d’Alger et  de multiples désistements, le Nigéria accepte de réunir à nouveau les artistes africains.

Avec son propre groupe, « Jungle Trio », après un premier disque à dominante jazzy, réalisé deux ans avant, c’est un autre opus qu’il met sur le marché, en 1987, après une très longue gestation. Sa démarche musicale repose sur une recherche constante de l’universalité pour sortir des  chemins battus de la musique congolaise qui la confinent au rang « de musique tribale ». Il voudrait que sa musique sollicite non seulement le corps mais aussi « l’esprit et l’intellect ».

Artiste aussi discret que talentueux, Biks Bikouta sort de son silence chaque fois que l’on fait appel à lui. C’est ainsi que du 9 au 13 mai 2001, à la tête d’un groupe constitué des musiciens de l’orchestre Bana Poto-Poto naissant, appuyés par Bruno Houla et Pembey Sheiro, les jours précédant le voyage de Paris, Biks Bikouta a supervisé les répétitions du répertoire prévu pour ce déplacement. Accompagné par ces musiciens, Biks Bikouta s’est produit au pavillon Dauphine à Paris, à l’occasion de la soirée d’ouverture du 7ème prix de l’Amitié France-Afrique. Un très grand succès ! Dommage que le répertoire de cette soirée, constitué de morceaux d’anthologie, n’ait pas été enregistré.

Le style de Biks Bikouta, syncrétique à souhait, sort des sentiers battus de la musique congolaise. Il postule une ouverture aux autres pour éviter de se fossiliser. Cette fossilisation qu’il redoutait est une réalité aujourd’hui si on en juge par l’évolution actuelle de la musique congolaise.

Lors d’une interview qu’il m’a accordée, le grand Manu Dibango, qui a fait des bœufs avec Biks Bikouta, en Europe, il y a près d’une soixantaine d’années, me disait que, ce dernier, excellent saxophoniste, aurait pu faire une grande carrière dans la musique. Kouka Célestin, son congénère, qu’il a encouragé à ses débuts, ne tarit pas d’éloges sur ce musicien hors pair.

À 81 ans, Biks Bikouta ne demande qu’à mettre à la disposition du public ses immenses capacités artistiques. Le prochain Fespam peut être l’occasion de mettre sous les feux de la rampe ce phénoménal musicien. Il est dommage que cet extraordinaire talent ne soit pas davantage reconnu et exploité par notre pays. Nul n’est prophète en son pays.

MFUMU

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Édition Quotidienne (DB)

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