Braconnage : l’Afrique centrale a perdu 60% d’éléphants en dix ans

Mercredi 20 Août 2014 - 17:45

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Chaque année en Afrique, il y a plus d’éléphants tués que d’éléphants qui naissent, note un nouveau rapport sur le braconnage d’éléphants rendu public le 20 août.

Le texte souligne que si le braconnage continue à ce rythme, les éléphants pourraient être éradiqués d’Afrique d’ici 100 ans. « Dans certaines régions d’Afrique, comme le Botswana, les éléphants se portent bien. Mais d’autres régions telles que l’Afrique Centrale sont beaucoup plus touchées par le braconnage »,  précise Julian Blanc, l’un des co-auteurs de cette étude.

La menace des éléphants va grandissante parce que le commerce illégal d’ivoire a fortement augmenté ces dernières années du fait d’une nouvelle demande venue du marché asiatique. La demande en ivoire vient principalement de Chine et de pays d'Asie du Sud-est, où elle est utilisée dans la médecine traditionnelle. Et un kilogramme d’ivoire sur le marché asiatique vaut maintenant des milliers de dollars.

Devant cette situation, les écologistes demandent une réaction rapide. « Il faut démanteler le commerce illégal d’ivoire, améliorer les conditions de vies des populations vivant à proximité d’éléphants, renforcer la gouvernance dans ce domaine et réduire la demande d’ivoire illégal », a déclaré John Scanlon, secrétaire général de Cites, la Convention sur le commerce international des espèces en danger.

Au début de cette année, des ivoires ont été saisis dans plusieurs pays, dont le Kenya, la Centrafrique, le Togo et la République démocratique du Congo.  Le gouvernement kényan par exemple avait saisi des défenses et de l'ivoire provenant d'au moins 114 éléphants dans la ville portuaire de Mombasa. Il s'agissait de la plus importante saisie d'ivoire de l'année.

Les autorités gouvernementales kényanes estiment au moins à dix-huit rhinocéros et plus de cinquante éléphants tués cette année. Mais certains défenseurs de l'environnement, pensent que ces chiffres devraient être revus à la hausse.

S’agissant du braconnage d’éléphants en RDC, les Nations se sont engagées à sanctionner les auteurs des tueries de l’espèce. De même, les groupes armés finançant leurs opérations en trafiquant des espèces animales sont visés par des sanctions de l’ONU.

Pour ce qui est des individus impliqués, ils sont assujettis à des interdictions de voyager et à des gels de leurs avoirs. Une résolution du Conseil de l’ONU a également renouvelé un embargo sur les armes vendues à diverses milices dans le pays.

Par ces sanctions, l’ONU veut alerter sur le trafic d’ivoire, devenu une source importante de financement de milices armées, à l’origine d’un dépeuplement des éléphants en RDC. « Il s'agit d'un pas énorme vers une réduction des souffrances humaines, de l’amélioration de la paix et de la sécurité et de la conservation de la vie sauvage », relève Wendy Elliott, directrice du programme des espèces chez WWF qui encourage l’initiative des Nations unies.

D’après un groupe d’experts des Nations unies en RDC, l’exécution d’éléphants dans ce pays est « l’une des conséquences » les plus tragiques d’années de guerre et de mauvaise gouvernance.

Le Braconnage continue dans la plupart des pays d’Afrique alors que la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction ainsi que d’autres instruments internationaux interdisent le commerce d’ivoire. Malgré cette interdiction  mondiale de près d'un quart de siècle, la population des éléphants va inexorablement  vers l'extinction. Le nombre de pachydermes de forêt en Afrique centrale - par exemple - a diminué de plus de 60 % au cours des dix dernières années. Et cela, malgré le fait que partout sur le continent, il y a une lutte permanente contre les braconniers. Des gangs criminels abattent continuellement des éléphants et l’exportation d'ivoire vers les marchés asiatiques à partir de ports du Kenya, du Togo et de Tanzanie, préoccupe depuis quelque temps de plus en plus les pays africains.

 

 

 

 

Nestor N'Gampoula