BRICS : un partenariat basé sur l’égalité avec les pays du Sud

Lundi 25 Août 2014 - 13:30

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Les cinq pays membres des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et l'Afrique du Sud) tiennent à faire de la coopération Sud-Sud, principalement dans le domaine du développement, une réalité. Ils représentent dès lors une alternative aux relations traditionnelles qui existent entre les États du Nord considérés comme les donateurs et ceux du Sud qualifiés d’États assistés.

Pour l’instant, ce qui crée la différence dans les relations que les Brics entendent entretenir avec d’autres États, c’est qu’ils se basent sur le principe du partenariat gagnant-gagnant avec les autres pays à travers le monde. Ils considèrent donc que le développement passe par une relation de partenariat entre les deux parties et non pas entre pays donateurs et États assistés. De cette manière, les Brics se présentent comme des partenaires d’autres pays, qu’ils soient du Sud ou du Nord. Par ce concept, ces pays émergents entendent dépasser l’idée de la relation de dépendance traditionnelle entre le Nord et le Sud, mais également parvenir à d’autres formules pour améliorer l’état des relations bilatérales et multilatérales.

Une banque pour commencer, mais des différences de vues politiques 

Pour pouvoir surmonter leurs défis communs, les Brics ont récemment créé une banque communautaire afin de s’aider en cas de chute brusque des réserves d’or et de monnaie d’un membre du groupe. Il s’agit d’une sorte de Fonds monétaire international propre au Brics. Et pour renflouer cette institution financière naissante, ils l’ont dotée d’un capital préliminaire de 50 milliards de dollars. L’objectif visé est de de réaliser une complémentarité économique entre ces pays.

Si les cinq partagent un même objectif général, ils sont néanmoins différents sur certains points. Commentant les différences enTRE les Brics malgré leur volonté de travailler ensemble, certains analystes dont l’économiste allemand, Rolf Langhammer, estiment que les intérêts économiques des Brics sont difficiles à coordonner. De plus, les défis pour ce groupe qui monte en puissance politiquement et économiquement, mais qui demeure déséquilibré, sont partagés, comme en témoignent les spécialisations économiques différentes entre ces États. « L’Inde est un pays en développement. La Russie est déjà développée. La Chine est sur le seuil de la puissance industrielle. Je ne sais pas comment ces différents pays vont collaborer sous le même toit. », note Rolf Langhammer.

Ce constat fait, il est non moins sûr que les Brics sont déterminés à aller de l’avant et à servir d’exemple de développement pour les pays du Sud. Pour le cas de la Russie qui est classée non en tant qu’État du Sud et qui est différente des 4 autres membres du groupe par exemple, la politique de développement prônée par les Brics va effectivement changer la donne puisque dans ses relations, Moscou privilégie le principe du refus du conditionnalisme politique qui accompagne les aides octroyées par le Nord aux pays du Sud. En outre, elle entretient le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des autres États, et œuvre à coopérer avec les pays du Sud dans les domaines de la santé, l’enseignement, l’énergie et la sécurité alimentaire.

Bien que l’Afrique du Sud soit aussi différente des autres membres du groupe en ce sens qu’elle se base sur le respect de la démocratie, des droits de l’homme dans ses relations avec d’autres États, ses dirigeants croient que l’équilibre du monde ne pourra se faire sans l’apport des pays du Sud.

La Chine et l’Inde partagent aussi cette manière de voir les choses même si actuellement ces deux pays s’intéressent avant tout aux aides financières dont des dons et prêts, qu’ils consacrent de manière générale à la construction d’infrastructures. Ne parlons plus du Brésil en dépit du fait qu’il a opté dernièrement pour un système qui englobe l’investissement, le développement et le commerce. Ce pays, on le sait, concentre ses activités non seulement en Amérique latine mais aussi s’emploie à dynamiser sa coopération avec l’Afrique.

La Russie entend jouer un rôle primordial

Les Brics, notons-le, occupent à eux seuls une place importante dans l’économie mondiale. Ils totalisent 40% de la population de la planète et créent près de 30% du PIB mondial. Ces pays disposent également d’énormes ressources naturelles, d’une bonne base industrielle et d'une main-d’œuvre qualifiée.

En attendant le prochain sommet des Brics prévu en 2015 en Russie, les regards du monde sont tournés vers ce pays qui devra jouer un rôle essentiel dans la période à venir, non seulement dans la coopération entre les États du Sud, mais aussi avec les États du Nord. Ceci parce que, selon certains observateurs, la Russie reste un acteur important dans les relations entre le Nord et le Sud, quelles que soient les répercussions de la situation en Ukraine ou autre. L’engagement pris par ce pays dans ce cadre a été d’ailleurs manifesté pendant la présidence du Groupe des 20, lorsque les autorités russes ont donné la priorité à la question du développement. Dans le même élan, la Russie se propose déjà de jouer un rôle primordial dans l’élaboration d’un nouveau cadre pour le développement, afin de réaliser un agenda du développement après 2015.

Même si les dirigeants des Brics sont convaincus qu’ils vont surmonter les nombreux défis auxquels ils font face, - l’un de ces défis demeure la fuite des capitaux -,  Yves Zlotowski, économiste en chef de la Compagnie française d'assurance pour le commerce extérieur (Coface), affiche un pessimisme sur l’avenir de ces pays, voire des visées économiques qu’ils se proposent d’atteindre avec les pays du Sud. Il relève que malgré la montée en puissance des Brics, leurs économies accusent vraisemblablement un ralentissement pour plusieurs raisons. « Le ralentissement économique dans les Brics est lié à des problèmes structurels, note l’économiste. Bien sûr, la récession en zone euro a joué un rôle. Mais il y a des problèmes internes d’ordre structurel qui ont vraiment un impact sur la croissance des Brics. Il y a d’abord des problèmes d’infrastructures en Inde, au Brésil ou en Afrique du Sud avec l’électricité notamment. Aujourd’hui, ces problèmes ont vraiment un impact sur la croissance de court terme et notamment sur la production industrielle. Le deuxième problème est lié au climat des affaires. Cela a aussi un impact sur l’investissement. Cela touche la Russie, mais il y a aussi de très grosses manifestations contre la corruption en Inde. Et le Brésil est également concerné. Enfin, il y a un problème de pénurie de main-d’œuvre qualifiée. »

 

 

Nestor N'Gampoula