Burkina Faso : l'après Blaise Compaoré divise l’opposition et les hauts gradés

Dimanche 2 Novembre 2014 - 13:45

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Après l’annonce de sa démission comme chef de l’État, le 31 novembre, à la suite d’un mouvement insurrectionnel dans son pays, l’ancien président du Burkina Faso, Blaise  Compaoré, s’est réfugié à Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire, où il se trouve avec son épouse et ses proches.

La succession du président démissionnaire par les hommes en armes et en uniformes, notamment par le lieutenant-colonel Isaac Zida pour mener la transition dans ce pays, suscite encore une divergence de vue entre les hauts gradés, l’opposition et la société civile qui contestent la transition « confisquée par l'armée ». Appelant à une transition démocratique et civile, ces deux composantes qui contestent le nouvel homme fort par ailleurs numéro deux de la garde présidentielle, a appelé dimanche la population à une démonstration de force sur la place de la Nation à Ouagadougou. Objectif : reprendre la main, après la chute de Blaise Compaoré.

« La victoire issue de l'insurrection populaire appartient au peuple, et par conséquent la gestion de la transition lui appartient légitimement et ne saurait être en aucun cas confisquée par l'armée », ont écrit les partis de l'opposition et les associations de la société civile dans un communiqué commun. Elles ont souligné dans ce document « Le caractère démocratique et civil que doit avoir cette transition ». En dépit du climat resté tendu dimanche, la population avait répondu en masse à l’appel à la propriété des rues et avenues jonchées de barricades, mais aussi des édifices publics, cibles des insurgés le 30 octobre. 

La position prise par l’opposition et la société civile est soutenue par la médiation internationale au Burkina Faso. Celle-ci a plaidé dimanche pour la mise en place d'un régime de transition conduit par un civil et conforme à l'ordre constitutionnel. « Nous espérons qu'il y aura une transition conduite par un civil, conforme à l'ordre constitutionnel. Sinon les conséquences sont assez claires. Nous voulons éviter pour le Burkina Faso la mise en place de sanctions », a déclaré l'émissaire de l'ONU pour l'Afrique de l'Ouest, Mohamed Ibn Chambas qui s'exprimait lors d'une conférence de presse au nom de la mission de concertation tripartite ONU-Union africaine - Cédéao, l'organisation régionale de l'Afrique de l'Ouest. Il a par ailleurs exhorté les différentes parties au dialogue à travers des consultations entre les uns et les autres pour un retour rapide à la vie constitutionnelle.

La situation qui prévaut actuellement au Burkina Faso n’a pas laissé indifférente la  France et l’Union européenne qui ont appelé l’opposition et la société civile à faire preuve de responsabilité et à respecter les dispositions de la Constitution, notamment en ce qui concerne l’organisation de l’intérim et la tenue d’élections démocratiques, inclusives et transparentes. Tout en souhaitant une sortie de crise actuelle dans un climat apaisé, fondé sur un retour du dialogue national, l´Union européenne se dit prête à contribuer aux efforts engagés. Elle salue en particulier la mission conjointe de l’Union africaine, de la CÉDÉAO et des Nations unies. 

Guy-Gervais Kitina