Burkina Faso : un jeudi noir pour Blaise Compaoré

Jeudi 30 Octobre 2014 - 19:30

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Mis à rude épreuve par des manifestants opposés à l’idée de révision de la Constitution, le président burkinabé doit répondre aux exigences de la jeunesse de son pays, et partant de l'opposition. Au regard de la situation qui prévaut au pays des hommes intègres, l'avenir est à écrire en pointillé....

Dans un communiqué lu à la radio, la présidence a annoncé « l'état de siège » sur l'ensemble du territoire, la dissolution du gouvernement et la volonté d'engager des pourparlers avec l'opposition. « En ces instants douloureux que traverse notre peuple, je voudrais dire que j'ai entendu le message, j'ai dissout le gouvernement afin de créer les conditions d'une nouvelle perspective. Je lance un appel aux leaders de l'opposition pour permettre un retour au calme. J'engage des pourparlers avec les différents acteurs pour une sortie de crise. J'en appelle au calme et à la retenue », lançait Blaise Compaoré dans l'après-midi, après une journée fort agitée.

en effet, des échauffourées ont éclaté très tôt dans la matinée du jeudi, jour de l’examen de la proposition de la révision de la Constitution par l’Assemblée nationale. À Ouagadougou, la capitale, comme dans d’autres villes du pays, l'escalade entre les forces de sécurité et les manifestants protestant contre ce projet gouvernemental est allée plus loin qu’on pouvait attendre. Dans la capitale, les contestataires ont pris d’assaut le siège de l’Assemblée nationale qu’ils ont incendié. Dans la foulée, plusieurs symboles publics, tels la radio et la télévision, sans compter les domiciles des dignitaires, ont été pris pour cibles ainsi que le palais présidentiel où les affrontements ont duré plus longtemps. Des cas de mort et de blessés ont été annoncés par les médias.

Un émissaire envoyé par l'ONU, Mohamed Ibn Chambas, est attendu au Burkina Faso ce vendredi dans le cadre d'une mission de paix conjointe avec l'Union africaine et la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Les réactions au sein de la communauté internationale n’ont pas tardé. Les États-Unis se sont dits inquiets par l'esprit et les objectifs visés par un projet de loi de l'Assemblée nationale du Burkina Faso modifiant la Constitution afin de permettre au président sortant de se présenter aux élections pour un mandat supplémentaire de cinq ans. « Nous exhortons toutes les parties concernées, y compris les forces de l’ordre du Burkina Faso, d'adhérer au principe de la non-violence, et de débattre ce sujet de manière apaisée et consensuelle», souligne le communiqué du département américain.

La France a dit son attachement à la charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance qui stipule que «tout amendement ou toute révision des constitutions ou des instruments juridiques qui porte atteinte aux principes de l'alternance démocratique » constitue un «changement anticonstitutionnel de gouvernement». «Il est donc primordial que le Burkina Faso envisage son propre avenir de manière consensuelle et apaisée et qu'il y ait un dialogue entre tous les acteurs politiques pour qu'émerge un consensus sur d'éventuelles modifications de la Constitution », a estimé le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius.

Mercredi, l’Union Européenne avait demandé l’abandon du projet de réforme de la constitution. Bruxelles affirmait que tout ce qui risque d'affecter ou de remettre en cause la stabilité et les progrès vers la démocratie doit être rejeté.

Thierry Noungou et Fiacre Kombo