Calypso Rose, pétillante mamie

Samedi 15 Avril 2017 - 12:00

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À 76 ans la Trinidadienne fait la pluie et le beau temps de la scène musicale française. Produite par Manu Chao, Calypso dont l’album Far from Home séduit, était à l’écran jeudi dernier à l’occasion de la diffusion sur France 2 de son concert au Trianon. Un triomphe !

Si vous l’aviez raté, suivez le replay. Ce concert de Calypso diffusé sur France 2 était l’occasion rêvée de découvrir cette femme exceptionnelle. Une inspiration. Humour, générosité et profondeur caractérisent cette femme digne et engagée.

Née il y a 76 ans, la chanteuse caribéenne qui réside depuis des décennies dans le quartier jamaïcain du Queens, à New York, tire son pseudonyme ensoleillé du calypso, musique de carnaval, dont elle fut la première reine en 1972, à une époque où seuls les hommes avaient droit à ce titre.

Dans son son île de Trinité-et-Tobago, au large du Venezuela, Calypso a partagé la scène avec Bob Marley et Michael Jackson distillant à travers ses mélodies solaires des paroles militantes et engagées.

Personnalité solaire, Calypso a vécu de nombreuses souffrances. « Abandonnée par sa mère, elle n’a pas parlé avant ses 13 ans, a eu une fin d’adolescence broyée par un viol collectif. Son mari a été assassiné, elle n’a pas pu avoir d’enfants », explique la journaliste Aurelie Aya dans un article publié dans Le Parisien. Le Calypso, ce rythme originaire d’Afrique de l’Ouest, popularisé dans les années cinquante par Harry Belafonte et Henri Salvador, lui a permis d'exorciser ses drames.

Calypso Rose en a bavé, , alors elle apprend à savourer, un peu, les joies de la réussite, même si elle a toujours vécu de son art.

Ainsi, envisage-t-elle un jour de devenir criminologue, puis avocate. « Elle a étudié le droit, pour défendre la cause des femmes maltraitées », ajoute la journaliste.

Calypso fait penser à Casaria Evora, la diva au pied nu décédée en 2011.

Dans son album Calypso pointe du doigt certains travers de la société. Ainsi, No Madam, plaidoyer pour les employés de maison, remporta un tel succès à son époque qu'il fut à l'origine d'une loi instaurant un salaire minimum pour les domestiques en 1974 dans son pays. Abatina, lui, pointe du doigt les violences conjugales. « Comme le blues, le jazz… il est important d’ouvrir les yeux sur la société. Je me souviens de mon premier calypso, ma tante m’avait emmenée au marché, un dimanche, j’ai vu un homme voler, les gens criaient et j’ai brodé autour de ce fait », confie-t-elle à la journaliste.

En février dernier, Calypso Rose a remporté en février dernier une Victoire de la musique. « Je suis heureuse. En recevant ce prix, j’ai pensé à mon arrière-grand-mère originaire de Guinée française, kidnappée, achetée et vendue en tant qu’esclave, elle a fini à Tobago, n’a pas pu revenir chez elle. J’étais émue, elle serait fière de moi », a-t-elle ajouté.

Calypso a survécu à deux cancers et trois crises cardiaques. « En 1996, les médecins m’ont prévenue, je n’avais plus que quinze ans à vivre ! J’ai commencé à boire de la vodka mélangée à du jus de tomate. Ça marche, comme remède ! Plus sérieusement, aucun médecin ne devrait balancer ce genre de chiffres à la figure des patients ! », confie-t-elle au Parisien. Sans énergie combative, elle le livre dans son dernier tube, « Leave Me Alone », qui encourage les femmes à ne pas craindre le mâle. Le « Washington Post » lui a consacré un long article.

Manu Chao

C’est son manager qui le lui présente. Elle ne savait pas qui était Manu Chao. Mais la sauce a fonctionné. Les deux se sont aimés. Le producteur a internationalisé Calypso Rose, a ouvert nos oreilles à un son différent des ritournelles anglo-saxonnes qui squattent les ondes. Un succès commercial et émotionnel.

Dona Élikia

Légendes et crédits photo : 

Calypso Rose; Crédits photo: AFP

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