Cameroun : adoption du statut spécial pour les régions anglophones

Jeudi 19 Décembre 2019 - 15:00

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Les députés camerounais ont adopté, le 19 décembre, un projet de loi sur la décentralisation accordant un statut spécial aux deux régions anglophones du pays, où se déroule depuis plus deux ans un conflit meurtrier opposant l’armée à des séparatistes.

Les deux régions seront désormais autorisées, si la loi est approuvée par le Sénat et promulguée, à élaborer des politiques publiques dans les domaines de l'éducation et de la justice, a précisé la radio camerounaise.  Ce statut spécial est la principale recommandation sur laquelle s’étaient entendus les participants au grand dialogue national convoqué par le président Paul Biya, début octobre, pour mettre fin à la crise qui a fait plus de trois mille morts.

Au moment où de nombreuses voix s’élevaient pour critiquer le peu de suites législatives données à ce grand dialogue, l’Assemblée nationale s’était réunie en session extraordinaire vendredi pour examiner ce projet de loi.

Dans ces régions vivent la plupart des anglophones du Cameroun, qui s’estiment lésés par rapport à la majorité francophone du pays. La crise a commencé en novembre 2016, avec essentiellement des revendications d’enseignants ou de juristes, réclamant plus de représentativité pour les anglophones. Ils demandaient pour la plupart un retour au fédéralisme, mais une minorité exigeait l’indépendance et la proclamation d’un nouvel Etat, l’Ambazonie. Le conflit s’est durci et en fin 2017, une partie des séparatistes a pris les armes.

Depuis, les combats font rage entre l’armée et ces groupes armés, prenant en tenaille la population. Depuis deux ans, plus de sept cent mille personnes ont dû fuir leur domicile. Après plus de deux ans de conflit, les autorités camerounaises avaient décidé d’organiser ce dialogue pour résoudre la crise.

Le boycottage de cette rencontre par les principaux chefs indépendantistes n’avait pas empêché les participants de préconiser une décentralisation par l'octroi de ce « statut spécial ». Des élections législatives doivent se tenir au Cameroun en février 2020, mais les deux principaux partis d’opposition ont annoncé leur intention de les boycotter.

Yvette Reine Nzaba

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