Campagne électorale : le dernier test avant le vote

Mardi 20 Novembre 2018 - 16:30

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On n’y est. Le 22 novembre s’ouvre officiellement la campagne électorale conformément au calendrier électoral établi par la Céni. Un grand tournant pour le processus électoral qui amorce là son dernier virage avant le dernier acte.

Dans un pays où les électeurs potentiels sont plus séduits par les actes de générosité posés en leur faveur que la pertinence des programmes de gouvernance soumis à leur critique, les candidats savent à quoi s’en tenir. Au-delà du discours politique souvent démagogique, ils sont astreints à se constituer un budget solide pour répondre à toutes les sollicitations. Candidats à la présidentielle, à la députation nationale et provinciale, tous seront logés à la même enseigne durant cette période, soumis aux mêmes contraintes qu’impose l’enjeu électoral. Kinshasa et l’arrière-pays s’apprêtent, en effet, à vivre des moments hystériques et agités sur fond d’un challenge entre candidats se disputant un électorat fluctuant évoluant au grès des largesses et des promesses leur faites. L’unité de mesure qui permettra de jauger du niveau d’encrage d’un candidat sera sans conteste sa capacité à déplacer les foules. Les candidats à la présidentielle dont la circonscription électorale est le territoire national seront appelés à sillonner tout le pays jusque dans les tréfonds des groupements et localités, via leurs cellules de campagne, pour engranger un maximum des voix. Un exercice, somme toute, périlleuse qui nécessite d’importants moyens financiers et une mobilité à toute épreuve.

La plate-forme soutenant Martin Fayulu a promis une campagne à l’américaine au bénéfice de son candidat promettant de se déployer partout. Le Front commun pour le Congo, quant à lui, a mis la barre très haut avec des moyens colossaux mis à la disposition de son candidat, Ramazani Shadari, autour duquel gravite une équipe de campagne composée de cinq cents personnes, politiques et leaders d’opinion compris. D’autres candidats qui ne sont pas en reste entendent, eux aussi, mettre les bouches doubles pour ne pas passer inaperçus pendant cette période. Dans les états-majors de partis et regroupements politiques, l‘on s’attelle déjà à récolter les fonds pour soutenir les candidats ayant postulé à la députation tant nationale que provinciale, dans le but de rafler les sièges et avoir droit au chapitre dans la prochaine législature.

Pas facile donc de convaincre un électorat marqué par les tristes expériences des scrutins de 2006 et 2011 qui n’entend pas donner sa voix au premier venu sans avoir l’assurance nécessaire quant à l’amélioration de ses conditions de vie. Ainsi, tous les moyens sont bons pour séduire les électeurs devenus difficilement manipulables dont le recours aux messages postés sur les réseaux sociaux (WhatsApp, Messenger, facebook ou Twitter). Toutefois, il y a lieu de noter le faible engouement de la population à la veille de la campagne, mais aussi des concernés eux-mêmes qui y vont avec retenue et circonspection, sans trop croire en la tenue des élections d’ici le 23 décembre. L’absence de consensus sur la machine à voter, à la veille de la campagne électorale, justifie cette attitude dont les conséquences sont ressenties par les imprimeurs toujours en attente des commandes hypothétiques. 

 Les prochains jours promettent néanmoins d’être chauds à Kinshasa et ailleurs. Afin de prévenir tout risque de débordement et garantir une campagne électorale sereine, la Commission justice et paix de l’Église catholique  encourage, dans un rapport publié le 19 novembre, les autorités à « garantir et faire valoir la liberté de manifester et la liberté de mouvement de tous les candidats, tous les témoins des partis politiques, tous les observateurs électoraux, tous les agents électoraux, tous les journalistes, etc. ». Au niveau de la police, instruction avait été donnée aux policiers de ne pas s'ingérer dans les activités de campagne électorale.

 

 

 

Alain Diasso

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