Campagne électorale : les candidats exhortés à la retenue

Mardi 18 Décembre 2018 - 18:17

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L’Association africaine de défense des droits de l’homme (Asadho) a fait savoir qu'en cas de commission de tout acte de violence qui entraînerait la destruction des biens publics ou privés, mort d’hommes ou atteintes à l’intégrité physique des Congolais, les personnalités auteures intellectuelles de ces actes et leurs exécuteurs seraient tenus responsables.

Notant sa préoccupation face à des appels à la violence lancés par certains candidats ou par leurs partisans pendant cette période de campagne électorale, l’Asadho estime que ces propos extrêmement graves sont de nature à créer et à entretenir des tensions maintenant, le jour du vote et après. « En cas de commission de tout acte de violence qui entraînerait la destruction des biens publics ou privés, la mort d’hommes ou atteintes à l’intégrité physique des Congolais, ces personnalités et leurs exécuteurs seraient tenus responsables », a prévenu cette ONG de défense des droits de l’homme, dans un communiqué du 18 décembre signé par son président, Jean-Claude Katende.

L’Asadho regrette le fait que plus la campagne électorale tend vers son terme, plus on enregistre des appels à la violence lancés par certains membres du Front commun pour le Congo (FCC) et de la coalition de l’opposition dénommée Lamuka pour que leurs militants s’en prennent à ceux des partis politiques adverses ou aux matériels électoraux de la Céni. L’ONG note, en effet, qu’en date du 13 septembre dernier, Olivier Kamitatu, de la coalition Lamuka, avait, par un tweet, déclaré que « si Corneille Nangaa s’entête à imposer ses cent mille machines à tricher, il devra déployer derrière chacune d’elles un policier pour qu’elles ne soient pas cassées, détruites, brulées ! Les Congolais vont se charger de faire respecter la loi électorale ». Pour sa part, le 8 décembre, le gouverneur de la province du Haut-Katanga, Pande Kapopo, a appelé, lors d’une réunion avec les jeunes du FCC, à la violence pour imposer la candidature de Ramazani Shadary, garantissant l’impunité à tout jeune qui serait arrêté pour avoir usé de la violence contre les membres des partis politiques de l’opposition. À en croire cette association, le gouverneur Pande a déclaré : « Le Haut Katanga est le fief de Ramazani Shadary, on ne permettra à personne d’autre de venir faire la loi ici. Nous sommes prêts à prendre tous les risques pour Shadary. Nous sommes au pouvoir de quoi avez-vous peur ? N’ayez pas peur, je suis au pouvoir ici. Si quelqu’un te met au cachot le matin, le soir, je vais te faire sortir. Même si on t’arrête, je vais demander au policier de te libérer et de me mettre moi-même au cachot. Je suis au pouvoir ici et le président Kabila est au sommet, on te fera rien… »

Aussi l’Asadho fait-t-elle constater qu’en date du 14 décembre, le ministre du Développement rural, Bitakwira, s’adressant aux communautés locales d’Uvira, les a invitées à s’attaquer aux membres des partis politiques de l’opposition en ces termes : « La démocratie a beaucoup d’exigences. La démocratie n’est pas différente du sport… C’est comme ça que je demande à la population d’Uvira, quand le candidat du FCC va venir ici, tous ceux qui sont pour les autres candidats que ça soit le numéro 4, numéro 20..., vous devez venir vous placer au stade où se tient le meeting du candidat du FCC, vous commencez à chahuter,  à indiquer des lois qui ne correspondent pas au chiffre numéro 13, avant de venir au stade, il faut dire au revoir à votre père, à votre mère parce que vous n’êtes pas sûr de rentrer à la maison ce jour-là… ».

L’Asadho exhorte, de ce fait, la Cour pénale internationale à rester attentive aux appels à la violence lancés par certains leaders politiques congolais. Elle recommande, par ailleurs, au procureur général de la République d’ouvrir des poursuites judiciaires à l’encontre des personnes bien identifiées dans son communiqué. Des responsables du FCC et de Lamuka, l’ONG attend qu'ils se désolidarisent publiquement des incitations à la violence lancées par Olivier Kamitatu, Pande Kapopo et Bitakwira. La population congolaise, elle, est appelée à rester vigilante et à s’abstenir de voter pour tout candidat dont les partisans incitent à la violence avant ou pendant le vote.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

La foule lors d'une activité de campagne électorale en RDC

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