Caraïbes : François Hollande inaugure un Mémorial de la traite et de l’esclavage

Lundi 11 Mai 2015 - 13:00

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En visite dans les Caraïbes, le président français François Hollande a tenu à se recueillir devant la tombe du  chantre de la négritude Aimé Césaire, le 9 mai en Martinique. Puis, il s’est rendu en Guadeloupe pour inaugurer, le 10 mai, un Mémorial dédié aux victimes de l’esclavage. Il était accompagné par la ministre de la Justice, Christiane Taubira.

François Hollande : « Aimé Césaire un homme exceptionnel » épris de justice et d’émancipation

Pour François Hollande, le poète martiniquais Aimé Césaire est « un homme exceptionnel qui a embrassé les causes de la justice et de l’émancipation ». Devant sa stèle, le président français  a déclaré : « on est empli de sa culture, de ses mots  et de son texte. C'est pour cela qu'il n'était pas imaginable dans ce déplacement caribéen de venir sans m'incliner sur sa sépulture ».

Décédé en 2008, selon lui, Aimé Césaire  « est à la fois un poète, un écrivain, un auteur puissant qui a considérablement donné de la fierté à la cause qui a été la sienne et aussi un homme politique qui a changé la Martinique et l'ensemble des Antilles ».

Le Mémorial ACTe, le plus grand Musée à la mémoire des victimes de l’esclavage

Dans la foulée, François Hollande s’est rendu, le 10 mai,  à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe, où il a inauguré le Mémorial ACTe,  le plus grand musée du monde érigé en la mémoire des victimes de l'esclavage. L’événement s’est déroulé en présence  d’une vingtaine des chefs d’Etat, dont trois chefs d’Etat africains, le Sénégalais Macky Sall, le Malien Ibrahim Boubacar Keïta, le Béninois Thomas Boni Yayi et le président d’Haïti Michel Martelly,  de la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) Michaëlle Jean, d’une vingtaine de ministres caribéens  ainsi que de plusieurs représentants.

L’inauguration du centre caribéen d’expressions et de mémoire de la traite et de l’esclavage a eu lieu lors de la journée nationale de commémoration de la traite et des abolitions. Au cours de la visite, François Hollande s’est attardé sur les 10 traités de Bartolomé de la Casas. Il a dénoncé le sort fait aux indigènes.

Sur le cahier d’or, François Hollande a écrit : « c'est avec émotion que j'ai inauguré le mémorial ACTe. Les oeuvres exposées, les faits restitués, les personnages rappelés, et surtout le souvenir des femmes, hommes, enfants victimes de la traite, nous font obligation de ne rien oublier et de lutter encore aujourd'hui pour la dignité humaine ».

Pour Michaëlle Jean, « l’avenir n’est rien si on ne se souvient pas » citant Aimé Césaire.

La question de la réparation et les « nouveaux négriers »

Il faut rappeler que l’Afrique  et plusieurs associations soutiennent le principe de réparation pour les descendants d’esclaves. Alors que François Hollande a toujours manifesté son opposition à « l’impossible réparation », la France  prônant plutôt un crime contre l’humanité.

Refusant toute indemnité financière, il a répliqué : « la  seule dette qui doit être réglée est de faire avancer l'humanité ». Puis il s’est insurgé  contre les « nouveaux négriers », tels les passeurs  de migrants en Méditerranée, ou certains groupes terroristes, tout en écartant tout amalgame entre l'esclavage passé, système légal, et les formes présentes d'esclavage, condamnées par les institutions internationales.

Le Mémorial ACTe est érigé sur une ancienne vinaigrerie où le travail forcé faisait encore cours au 19è siècle.  Ce lieu « permettra à la Guadeloupe et au-delà à la Caraïbe tout entière, avec un lien profond avec l'Afrique, de dire au monde que ce combat pour la dignité humaine n'est pas achevé », a déclaré François Hollande. Cette oeuvre architecturale, représentant désormais un lieu d’expression sur l’esclavage a été érigée avec l’ambition  d’apaiser  la mémoire douloureuse des descendants d’esclaves.  

Noël Ndong