Cardinal Pietro Parolin: " Ma mission au Congo a été un succès"

Samedi 4 Février 2017 - 9:28

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

De meilleures impressions pour une visite de quatre jours bouclée ce 4 février matin par une messe solennelle en l’historique Basilique Sainte-Anne au Congo, à Brazzaville, le cardinal Pietro Parolin qui a rencontré les plus hautes autorités congolaises et visité des lieux symboliques a aussi évoqué, en marge des activités officielles, le rôle de l’Église dans la construction d’un pays. Interview exclusive.

« Je suis très reconnaissant de l’accueil chaleureux qui m’a été réservé et j’ai exprimé ma gratitude aux autorités congolaises durant les rencontres que nous avons eues. Ma visite s’inscrivait dans le cadre du 40e anniversaire de l’établissement des relatons diplomatiques entre le Saint-Siège et la République du Congo. Je peux dire sur ce plan que la signature de l’accord-cadre entre les deux parties a été un moment très significatif. J’ai aussi eu la possibilité de rencontrer les évêques, nous avons ensuite visité un centre pour handicapés, ce qui témoigne de l’engagement de l’Église catholique aux côtés des personnes les plus démunies de la sociétéUne visite de quatre jours n’est peut-être pas suffisante pour comprendre toute la situation ainsi que s’imprégner des problèmes qui se posent, mais mon opinion est que le but de ma mission a été atteint, et je me sens heureux du séjour que je viens de passer ici à Brazzaville ».  

Quelle doit être l’attitude de l’Église face à la politique ? En d’autres termes, est-ce que l’Église peut faire la politique ?  « Le Pape l’a dit clairement, l’Église peut faire, elle doit faire la politique, mais dans le sens général qui est la politique entendue comme contribution à la construction de la maison commune (la Nation Ndlr). Il y a, on le sait, une conception rigide de la laïcité selon laquelle les communautés religieuses n’ont rien à dire au niveau de la société, de l’opinion publique, que la religion est quelque chose que chacun doit vivre dans son cœur. Faire la politique pour l’Église ne consiste pas dans la vie militante partisane, car on vit la politique dans les partis, pas dans l’Église comme telle. Il y a des croyants, des fidèles qui sont dans les partis, mais l’Église ne peut pas entrer dans le jeu politique, car elle va diviser ». Le Cardinal Pietro Parolin souligne la doctrine sociale de l’Église et le rôle que l’Église doit jouer dans la formation des chrétiens qui s’engagent en politique.

La nature de l’accord passé avec le Congo : « L’accord-cadre que nous venons de signer porte globalement sur l’encadrement juridique de la vie et de l’activité de l’Église catholique. De manière générale, partout dans le monde, l’Église agit sans des accords particuliers, c’est plutôt le Saint-Siège comme sujet du droit international et représentant de l’Église catholique qui met en œuvre un tel processus. Le cadre juridique permet notamment de fixer un certain nombre de principes : la liberté religieuse, pour s’assurer que l’Église puisse exercer sa mission de façon libre, au bénéfice de tous les groupes religieux ; la collaboration entre l’Église et l’État est un deuxième principe qui concerne divers domaines comme l’éducation, la santé, dans lesquels la conférence épiscopale peut passer des accords spécifiques avec les ministères concernés ».

Quel message à l’endroit des chrétiens, mais aussi des peuples et des dirigeants des pays de la région du Bassin du Congo au regard des crises qu’ils traversent ? « On regarde toujours avec espoir la situation de ces pays, on sait en effet qu’il y a beaucoup de difficultés. C’est ainsi que les laïcs doivent s’engager davantage pour la protection de la dignité humaine, la réalisation de sociétés justes et solidaires dans le sens de la doctrine sociale de l’Église. Nous pensons que parmi les problèmes qui touchent les pays africains, il y a la justice à travers la répartition des ressources du pays. Elles doivent servir au bien-être de tous, il faut faire en sorte que tout le monde bénéficie de ces richesses ».

Le pape François envisage-t-il de visiter le Congo ? À cette question, le Cardinal Pietro Parolin a indiqué qu’il n’y a officiellement aucun calendrier sur une telle opportunité, ajoutant que le Pape visite plusieurs pays, plusieurs régions, et il n’y a pas lieu de ne pas envisager que celui-ci puisse faire partie des possibilités.

       

Jean Paul Pigasse et Gankama N'Siah

Notification: 

Non