CDH-ONU : la polémique sur le choix de la RDC refait surface

Mercredi 1 Novembre 2017 - 15:18

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Alors que l’opinion attend du Congo-Kinshasa la preuve d’un changement des méthodes dicté notamment par son élection au sein de l'institution des droits de l'homme des Nations unies, les évènements du 30 octobre à Goma, dans le Kivu, remettent en sellette des critiques sur ce choix que beaucoup continuent à qualifier de controversé.

Le débat vient d'être relancé sur l'admission de la RDC au sein du Conseil des droits de l’homme de l’ONU (CDH). Si, pour certains, cette entrée dans cette institution internationale est une bonne chose et une victoire pour le pays de Joseph Kabila, beaucoup ne le voient pas d'un bon œil. Déjà, à la veille de cette élection, Human Rights Watch (HRW) avait appelé les États membres de l’ONU à ne pas voter en faveur de la RDC. Cette ONG internationale a motivé son exhortation par « des violations généralisées des droits humains commises par le gouvernement et de son manque de coopération avec les mécanismes des Nations unies dans le domaine des droits humains ».

Pour le directeur de plaidoyer auprès de l’ONU à HRW, Louis Charbonneau, en effet, « accepter la candidature de la RDC porterait atteinte aux principes fondateurs et à la crédibilité du principal organe des droits humains de l’ONU et à sa capacité à promouvoir le respect de ces mêmes droits ». « Ce serait aussi un affront cinglant aux innombrables victimes des exactions du gouvernement et au travail des courageux activistes congolais », avait-il dit.

Des Congolais opposés au choix de leur pays

De nombreux activistes des droits humains dans le pays se sont également prononcés contre cette candidature. Le 12 octobre, par exemple, près de 160 organisations congolaises avaient demandé aux États membres de l’ONU de s’opposer à la candidature de la RDC, affirmant que voter en sa faveur « enverrait un mauvais signal pour un pays qui est loin d’être exemplaire » en matière de droits humains. Selon elles, ce pays ne sert pas de modèle en la matière. Bien que sa candidature ait été largement contestée, notamment par des ONG des droits de l’homme, ce vote a donné à la RDC le droit de siéger au sein de cette institution. Le Congo-Kinshasa a ainsi intégré cette organisation pour les trois prochaines années à dater du mois de janvier 2018.

Réagissant à cette élection, le gouvernement congolais s’est, juste après, félicité de cette victoire. Pour son porte-parole, Lambert Mende, ceux qui s’opposaient à cette candidature « ont échoué ». À l’en croire, le monde entier –et pas seulement l’Afrique, puisque 151 voix, c’est au-delà du continent africain – venait ainsi d’apporter un soutien significatif à la RDC et à son gouvernement. De l’avis du ministre Lambert Mende, la RDC allait devoir mettre à contribution son expérience en la matière au service du CDH de l’ONU.

Mais ce qui vient de se passer à Goma, avec la répression des manifestants par les forces de l’ordre, vient de relancer ce débat qui a prévalu avant cette élection. Des associations de défense des droits de l’homme, qui n’ont jamais baissé leur garde et qui sont restées comme aux aguets, regrettent. « Alors que beaucoup attendent voir le gouvernement en place changer ses méthodes, des morts et des blessés par balle du lundi 30 octobre à Goma rappellent toutes ces personnes mortes lors des manifestations pacifiques, celles qui croupissent en prison dont Diomi Ndongala, Franck Diongo, Firmin Yangambi, Jean-Claude Muyambo, etc. », ont-elles fait savoir. Elles ont également rappelé ceux des Congolais qui sont forcés de vivre en dehors de leur pays, parmi lesquels Moïse Katumbi, Éric Kiomba Mpongo du Mouvement de libération du Congo, etc. Pour ce militant du parti de Jean-Pierre Bemba, en effet, une de ces ONG a relevé que ce dernier est porté disparu depuis les évènements de mai 2015 à Kinshasa. Quoique sa famille n’a pas d'informations précises sur lui, elle subit la pression des personnes se déclarant des services de sécurité qui veulent avoir de ses nouvelles. « Ces menaces ont fait que, craignant que ces personnes mettent en exécution leurs macabres promesses, certains membres de cette famille ont opté pour la clandestinité, brisant ainsi leur rythme quotidien », a expliqué l’ONG Front congolais pour les droits de l’homme.

Avec tous ces faits au dos, la RDC a encore de preuves à faire pour mériter son choix au sein du CDH de l’ONU. Il est même rappelé que l’opinion attend d'elle une réponse positive à la décision de la structure sur le cas Diomi Ndongala. Saisi par cet opposant politique, le CDH de l’ONU avait condamné la RDC à le libérer, à annuler le jugement qui l’avait condamné à l’issue d’un procès inique et à l’indemniser. Depuis près de deux ans déjà, le Congo-Kinshasa, bien qu’officiellement notifié, n’a pas encore exécuté ce jugement de l’institution qui vient de l'accueillir en son sein comme membre.

Lucien Dianzenza

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