Cécile Kyenge Kashetu : « Maintenant, on m’insulte encore plus, mais les médias n’en parlent plus ! »

Mercredi 19 Mars 2014 - 17:47

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Durant la Semaine de lutte contre le racisme, l’Italo-congolaise ancienne ministre de l’Intégration appelle l’Italie à plus d’efforts pour combattre le phénomène

Depuis lundi, l’Italie est entrée dans la Semaine de lutte contre le racisme. Cette initiative d’un département du ministère pour l’Égalité des chances, le Département national contre les discriminations raciales (UNAR), en est à sa dixième édition cette année. Mais il est difficile de quantifier le résultat des campagnes menées en Italie d’année en année contre le racisme dans la vie courante, dans le sport et dans l’Administration.

La Semaine contre le racisme est pensée avec l’idée de la célébrer précisément le jour choisi par l’ONU pour la Journée mondiale pour l’élimination des discriminations raciales, tousles 21 mars. L’UNAR a demandé l’adhésion des communes et écoles italiennes à cette campagne en colorant leurs villes et communes de couleur orange, et en ménageant des temps de débats et de rencontres sur les thèmes de la discrimination raciale et de la promotion des droits de l’homme.

Dans une note, le ministère a laissé entendre qu’au moins 150 communes, de Turin (nord) à Naples (sud), ont réagi positivement à la sollicitation gouvernementale et engagé des manifestations publiques de sensibilisation. Certaines agglomérations ont affirmé avoir prévu d’éclairer d’une lumière orange les places publiques ou d’afficher des banderoles géantes sur les édifices publics comme à Trévise, ville emblématique de l’extrême nord-est italien, à la frontière avec la Slovénie.

À Rome, la manifestation a été marquée par deux conférences animées à la Chambre des députés par un parlementaire d’origine immigrée, Khalid Chaouki. « Le coût économique de la discrimination » et « Raconter cette Italie qui change avec les migrations » : c’est ainsi que s’intitulaient les deux conférences. Une projection de vidéos a pu faire voir l’Italie du changement dans les entreprises, dans la culture, dans les écoles et dans le sport.

Dans ce dernier domaine d’ailleurs, une autre conférence est très attendue ce jeudi. Son titre : « Extirper le racisme du football ». Et ce vendredi 21 mars, ce sera le clou avec une conférence-débat à Turin (nord) sur « Le racisme en Europe et en Italie ». Elle sera animée par deux conférenciers de poids : le président du Parlement européen, l’Allemand Martin Schulz dont les prises de position sur l’immigration ont toujours été remarquées ces derniers mois, surtout après le naufrage de 366 immigrés dans le port de Lampedusa, en Sicile, le 3 octobre de l’an dernier.

À ses côtés se fera entendre une autre voix des plus indiquées sur ce thème, l’ancienne ministre italienne de l’Intégration, Cécile Kyenge Kashetu. Cette semaine, dans une interview à une radio, l’Italo-Congolaise a affirmé qu’il restait encore beaucoup de chemin à parcourir sur la voie de l’intégration en Italie. « Ces derniers temps, les insultes contre moi ont redoublé malgré le fait que je ne sois plus au gouvernement. On en n’entend pas parler tout simplement parce que les médias n’en parlent plus », soulignait-elle.

À la question du journaliste de Radio2 : « Quand avez-vous été insultée pour la dernière fois ? », sa réponse a été la suivante : « C’est presque tous les les jours. Il suffit de consulter ma page Facebook ». Pourquoi ? « Peut-être parce que certaines choses finissent par acquérir la force de l’habitude. C’est cela qui est le plus dangereux. Voilà pourquoi j’insiste: il faut redoubler d’effort pour lutter contre l’instigation au racisme en se servant notamment du web. »

Lucien Mpama