Cécile Kyenge réclame 140.000 euros de dommages et intérêts

Lundi 17 Avril 2017 - 13:10

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel

Le tribunal de Milan statuera le 18 mai, dans l’action intentée par l’ancienne ministre italo-congolaise contre l’eurodéputé Mario Borghezio pour racisme.

La période durant laquelle Cécile Kyenge Kashetu fut membre du gouvernement italien est singulière dans l’histoire de l’Italie. Appelée à faire partie de l’équipe d’Enrico Letta, Cécile Kyenge fut ministre de l’Intégration d’avril 2013 jusqu’à la chute du premier ministre Letta, en février 2014. La péninsule marquait ainsi sa volonté de faire espace à ses déjà très nombreux citoyens d’origine étrangère nés en Italie ou devenus Italiens par les liens du mariage et « flottant » littéralement dans une société où beaucoup étaient toujours pris pour des étrangers.

Mais comme toutes les expériences de ce genre, il est possible que la volonté de bien faire ait été égale aux réticences de ceux qu’effrayaient la nouveauté. Beaucoup le manifestèrent au-delà des limites. Un des plus emblématiques opposants à l’accueil d’une Africaine au gouvernement est sans conteste le parti de la Ligue du Nord, franchement xénophobe et anti-immigré. Et donc anti-intégration. C’est dans ce contexte que s’illustra le vice-président du Sénat, Mario Borghezio, membre de la Ligue qui y alla à l’attaque pesante contre une Kyenge, « orang-outan » invitée à retourner chez elle manger ses bananes.

Jeu politique ou racisme ? L’ancienne ministre, entretemps confortablement élue députée au Parlement européen, n’apprécia que modérément ces aménités. Elle porta donc plainte. Il y a une semaine, une audience du tribunal de Milan a donné l’occasion à son avocat, Me Gian Andrea Ronchi de formuler les requêtes de réparation de l’offensée : 140.000 euros, pas moins (un peu moins de 91 millions de francs CFA). Démarche parfaitement fondée, a estimé le magistrat de l’instruction, Me Piero Basilone, qui a toutefois redimensionné ces exigences en les ramenant à 6.000 euros pour diffamation.

Alors, plusieurs millions ou 4 millions de francs CFA ? Le tribunal prononcera son jugement, le 18 mai prochain. Mais du côté de la Ligue du Nord, on retrousse les manches de la confrontation en indiquant vouloir aller jusqu’à l’épuisement de tous les appels. Pour la Ligue, cette affaire n’est nullement politique ; elle est seulement  emblématique de la liberté d’expression. Et cela d’autant plus que Borghezio a publiquement présenté ses excuses à la Chambre et manifesté par plusieurs gestes sa volonté de tourner la page à l’amiable.

Lucien Mpama

Notification: 

Non