Cémac : le FMI reconnaît que le système monétaire de la communauté n’est plus adapté et propose des réformes

Vendredi 26 Juillet 2013 - 10:29

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Une mission du Fonds monétaire international (FMI), qui a séjourné deux semaines à Yaoundé (Cameroun), a estimé, le 24 juillet,  que la politique monétaire de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cémac) est « limitée par le système de taux de change fixe accroché à l’euro »

Le chef de la mission, le Français Joël Toujas-Bernaté, a noté que les plans d’investissement avaient permis à la zone Cémac de mieux « supporter les effets de la crise mondiale que l’on a pu voir dans d’autres zones à travers le monde ». Il a salué l’accroissement des réserves extérieures. Par ailleurs, il a mis en garde face aux risques pesant sur la région, tels que la dépendance des recettes tirées des ressources naturelles, notamment le pétrole, « qui rendent la zone vulnérable à un retournement possible des prix du pétrole en cas de ralentissement plus marqué de l’économie mondiale et notamment dans certains pays émergents qui représentent aujourd’hui des marchés importants pour les matières premières et en particulier le pétrole ».

À l’exception de la République centrafricaine, riche en ressources naturelles, mais en récession avec une croissance négative (-14% contre 3% initialement prévus pour 2013 par la Banque des États de l'Afrique centrale) pour cause de guerre, cinq pays de la Cémac – le Cameroun, le Congo, le Gabon, le Tchad et la Guinée équatoriale – tirent principalement leurs recettes de l’exportation du pétrole. Ces anciennes colonies françaises, hormis la Guinée équatoriale, ancienne colonie espagnole, qui a rejoint de son plein gré le groupe, appartiennent à la zone CFA, monnaie commune à parité fixe arrimée à l’euro après la disparition du franc français.

Malgré « une certaine marge de manœuvre », Joël Toujas-Bernaté souligne que la politique monétaire des pays de la Cémac « est limitée par le système de taux de change fixe accroché à l’euro […]. Ce cadre de politique monétaire tel qu’il est construit aujourd’hui ne répond pas à la situation rencontrée ». Pour le système financier, il n’est donc pas « d’une grande utilité ».

Face à l’inadaptation des mécanismes de surveillance, aux défis et aux risques que connaît actuellement la sous-région, Joël Toujas-Bernaté appelle à des réformes en vue de développer « de nouveaux instruments pour permettre à la Banque centrale d’intervenir et éventuellement d’influer sur l’évolution des agrégats monétaires dans l’ensemble de la zone » pour mieux « assurer la vitalité des positions budgétaires et mieux se prémunir des risques pesant sur les recettes pétrolières et les prix du pétrole qui, historiquement, sont très volatils ».

Avant la décision de la Banque des États de l’Afrique centrale (Béac) de ramener son taux directeur de 4% à 3,5%, on constatait un « écart accru » entre les taux sur l'euro et du franc CFA.

Propositions de réformes

La mission du FMI a préconisé, entre autres réformes, la mise en place d’instruments de marchés permettant à la Banque centrale « d’absorber plus efficacement l’ensemble des liquidités » : par exemple l’émission d’instruments particuliers de la Béac, et le développement des principes de conduite d’« opérations sur les marchés des accords-cadres de rachat », s’appuyant sur un développement important du marché des titres publics.

Une coordination entre les États membres, notamment leurs Trésors, est nécessaire pour bénéficier d’une assiette de titres pouvant être utilisés comme garanties dans des opérations interbancaires.

La mission a aussi recommandé de porter plus d’attention aux prêts à des apparentés (personnes physiques ou morales) actionnaires dans ces banques. « C’est une des sources des problèmes et des difficultés observés dans un certain nombre d’institutions », a déclaré Joël Toujas-Bernaté.

Noel Ndong